Les Américains Leonid Hurwicz, Eric Maskin et Roger Myerson ont remporté lundi le prix Nobel d'économie pour avoir jeté les bases de la théorie dite de conception des mécanismes, qui permet d'expliquer les conditions dans lesquelles les marchés fonctionnent bien et celles où ils fonctionnent mal.

Les Américains Leonid Hurwicz, Eric Maskin et Roger Myerson ont remporté lundi le prix Nobel d'économie pour avoir jeté les bases de la théorie dite de conception des mécanismes, qui permet d'expliquer les conditions dans lesquelles les marchés fonctionnent bien et celles où ils fonctionnent mal.

Cette théorie «initiée par Leonid Hurwicz et développée plus avant par Eric Maskin et Roger Myerson» joue un rôle central dans l'économie et la science politique modernes, souligne le communiqué de l'Académie royale des sciences de Suède, qui décerne le prix.

Ce concept a «grandement amélioré notre compréhension des mécanismes de répartition optimaux», en tenant compte des «incitations et de l'information privée des individus». Il permet aux économistes, gouvernements et entreprises de «distinguer les situations dans lesquelles les marchés fonctionnent bien de celles où ce n'est pas le cas», poursuit l'Académie.

«Je ne m'y attendais pas vraiment», a déclaré M. Hurwicz, 90 ans, professeur d'économie à l'Université du Minnesota, qui est la personne la plus âgée jamais récompensée par un prix Nobel, selon l'Académie. «Le temps passant, je ne pensais pas que cette reconnaissance viendrait».

M. Maskin, 56 ans, professeur à l'Institut d'étude avancée à l'Université de Princeton, s'est dit soulagé par l'attribution du Nobel à M. Hurwicz.

«Beaucoup d'entre nous espérions depuis des années qu'il gagnerait, a-t-il déclaré. Il a maintenant 90 ans et nous pensions que le temps pressait. C'est un immense honneur de pouvoir partager le prix avec lui et Roger Myerson».

M. Myerson, 56 ans, professeur à l'Université de Chicago, a confié pour sa part à la chaîne de télévision suédoise TV4 que la distinction était un «immense honneur» et s'est dit «très heureux».

Selon l'Académie, les travaux des trois chercheurs permettent d'expliquer les mécanismes et les processus de prise de décision en jeu dans les transactions économiques, par exemple quelles polices d'assurances offrent la meilleure couverture sans inciter des comportements abusifs.

Les trois hommes, à commencer par M. Hurwicz en 1960, ont étudié comment la théorie des jeux pouvait aider à déterminer la méthode la meilleure et la plus efficace pour répartir des ressources en fonction des informations disponibles.

Le Nobel d'économie 2007 confirme la domination américaine sur ce prix depuis plusieurs années. Il faut remonter à 1999, au moment de la victoire du Canadien Robert Mundell, pour trouver le dernier lauréat non-américain.

L'an dernier, le Nobel d'économie, créé en 1968 par la banque centrale de Suède, avait été attribué à l'Américain Edmund Phelps pour avoir expliqué la relation entre inflation et chômage, des travaux qui ont eu un impact profond sur la politique macroéconomique.

Le prix d'économie clôt la saison des Nobel, qui a couronné les Américains Mario Capecchi et Oliver Smithies et le Britannique Martin Evans en médecine, le Français Albert Fert et l'Allemand Peter Grunberg en physique, l'Allemand Gerhard Ertl en chimie, la Britannique Doris Lessing en littérature et l'ancien vice-président américain Al Gore et le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) pour la paix.

Les lauréats des prix Nobel recevront 10 millions de couronnes suédoises (1,6 M$), une médaille d'or et un certificat du roi de Suède, qui leur sont remis le 10 décembre, date anniversaire du décès d'Alfred Nobel en 1896, fondateur des célèbres prix.