Le plus gros emmerdement de Bombardier en Chine se résume en trois lettres: TVA.

Le plus gros emmerdement de Bombardier en Chine se résume en trois lettres: TVA.

La TVA n'a rien à voir avec la chaîne télé du même nom. Il s'agit de la taxe sur la valeur ajoutée. Et elle s'applique d'une bien curieuse façon. Sont plus lourdement taxés les aéronefs - avions comme hélicoptères - qui pèsent moins de 25 tonnes!

Alors que la production d'un avion léger est considérée comme un avantage partout dans le monde, en Chine, c'est un sacré désavantage. C'est qu'elle est salée, la TVA. Elle fait grimper la facture d'un appareil de moins de 25 tonnes de 17%! Appliquez ensuite le tarif douanier sur les appareils importés, et vous avez une surtaxe de 23%.

En comparaison, la TVA pour un avion plus lourd a été allégée à 4% en 2001. Si cet avion est importé, sa surtaxe totalisera donc 9%. La différence entre deux avions de poids différent atteint donc 14%.

Tous les avions de Bombardier pèsent moins de 25 tonnes. En revanche, les jets d'Embraer de 70 sièges en montant pèsent plus. Bref, de quoi faire pencher la balance pour un transporteur chinois qui hésite entre le CRJ700 de Bombardier et le Embraer 170.

En principe, la TVA s'applique autant aux avions importés qu'aux avions construits en Chine. En principe. Car la Chine consentirait des rabais de TVA à ses entreprises, pour les protéger de la concurrence étrangère.

Les Américains se sont déjà plaints du fait que des producteurs chinois de fertilisants aient été exemptés de la TVA. Ils ont aussi dénoncé les rabais de TVA dont auraient profité des fabricants de semi-conducteurs. Selon eux, la TVA sert d'outil de développement industriel.

Allez donc savoir si le transporteur chinois qui achète des avions chinois ARJ 21 plutôt que des jets de Bombardier a bien payé la TVA? Et même si vous avez des soupçons, le processus de règlement des différends de l'Organisation mondiale du Commerce est tout sauf rapide.

«La TVA est une difficulté, mais ce n'est pas un obstacle insurmontable aux ventes», dit Jianwei Zhang, président de Bombardier Chine.

Soit. Mais une chose est sûre. Si Bombardier développe des avions commerciaux avec des matériaux composites pour les alléger, l'avionneur s'assurera néanmoins que les jets de la CSeries pèsent plus de 25 tonnes.

«Plus c'est lourd, mieux c'est!», dit Jianwei Zhang en riant.