En affaires, il faut savoir dire non. Reconnaissance Williams, de Sherbrooke, l'a compris en refusant un contrat avec Disney. Les sacrifices exigés étaient trop grands, ont jugé les proprios.

En affaires, il faut savoir dire non. Reconnaissance Williams, de Sherbrooke, l'a compris en refusant un contrat avec Disney. Les sacrifices exigés étaient trop grands, ont jugé les proprios.

Travailler en collaboration avec Disney est sans doute le rêve de plusieurs entreprises. Pourtant, la PME Reconnaissance Williams, de Sherbrooke, a préféré dire non merci lorsque le géant américain lui a offert un contrat de quelques millions de dollars en mai dernier.

«On aurait été capable de répondre à leurs demandes, mais ça aurait eu de l'effet sur nos autres clients. On veut grossir, mais pas trop vite et surtout pas aux dépens des clients qui nous appuient depuis des années», explique Alan Whitaker, viceprésident vente et marketing et copropriétaire de Reconnaissance Williams.

Bref, croit M. Whitaker, le dicton voulant qu'il vaut mieux ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier prend ici tout son sens.

«Il fallait entre autres choses créer des statuettes de Mickey Mouse, dit le VP de l'entreprise sherbrookoise. Et Disney n'avait même pas de matrice à nous prêter. C'était un beau contrat, mais qui impliquait trop de sacrifices.»

Reconnaissance Williams se spécialise dans les objets que les entreprises, les équipes sportives, voire les gouvernements offrent aux gens pour souligner notamment leurs états de service, leurs performances, etc.

Un riche créneau

Toutes catégories confondues (du stylo à 1 $ à la bague de 500 $), le marché des cadeaux d'ent repr ise représente au Canada environ un milliard de dollars, selon Alan Whitaker. Les entreprises sont nombreuses dans le secteur.

La majorité d'entre elles achètent des objets (montres, stylos, sacs de golf, appareils électroniques, etc.) et les personnalisent, soit avec un logo, soit avec le nom de la personne récompensée. Ce type d'activité compte pour la moitié du chiffre d'affaires de Reconnaissance Williams.

L'autre moitié, et c'est ce qui distingue l'entreprise de Sherbrooke, provient de la fabrication de bijoux (bagues, breloques, épinglettes, médailles, boucles d'oreilles), toujours destinés à ce marché.

Par exemple, depuis six ans, les épinglettes remises aux lauréats de l'Ordre du Canada sont l'oeuvre de la PME québécoise. Idem pour les bagues offertes aux équipes sportives universitaires ou les médailles scolaires accordées par le gouverneur général aux élèves et étudiants méritants.

La PME emploie une dizaine d'artisans pour toutes les étapes dignes d'une grande bijouterie : dessin des pièces, fabrication du moule, coulage, placage, polissage, sertissage de pierres précieuses, etc.

Reconnaissance Williams, qui fait dans le haut de gamme, est d'ailleurs reconnue pour la qualité de ses produits, d'où l'intérêt de Disney à faire appel à ses services. Dans le créneau des bijoux, la bijouterie Birks figure parmi les principaux concurrents de l'entreprise québécoise.

C'est d'ailleurs chez Birks, où il a travaillé pendant 16 ans, qu'Alan Whitaker a appris le b.a.-ba de la vente de bijoux.

Reconnaissance Williams réalise 90 % de ses ventes au Canada et 10 % aux États-Unis. Les ventes canadiennes de l'entreprise se concentrent principalement au Québec (40 %) et en Ontario (60 %).

Les clients de la PME s'appellent Chrysler, GM, Pfizer, Pratt & Whitney, SNC Lavallin, etc. La valeur des contrats obtenus par Reconnaissance Williams varie entre 500 $ et 500 000 $.

Annuellement, Reconnaissance Williams personnalise et fabrique des millions de pièces dans ses ateliers de 9000 pi2.

À court terme, elle souhaite doubler cette superficie. Elle désire également se faire connaître davantage auprès des entreprises québécoises.

La PME a vu le jour en 1989. L'entreprise a été créée à la demande de David Breckenridge, propriétaire de Brecks, fabricant de leurres de pêche établi à Sherbrooke. À l'origine, la PME faisait le placage en argent et en or des cuillers et autres leurres de Brecks. Jim Thompson, actuel président et copropriétai re de Reconnaissance Williams, a cofondé l'entreprise.

Auparavant, M. Thompson travaillait pour Balfour, l'un des géants nord-américains de bijoux-récompenses.

Bagues pour les sportifs

Balfour a notamment fabriqué des bagues pour les sportifs professionnels (football, hockey, baseball, basketball, etc . ) qui ont rempor té un championnat.

Aussi prestigieux que cela puisse être, la PME des Cantons- de-l'Est n'est pas près d'offrir ces bagues que les millionnaires du sport portent fièrement au doigt.

«Les entreprises qui les fabriquent les vendent en bas du prix coûtant. Et ce sont des entreprises qui ont un chiffre d'affaires de quelques centaines de millions», fait remarquer Alan Whitaker, vice-président de Reconnaissance Williams.

Mince consolation, Reconnaissance Williams a fabriqué, mais à titre de sous-traitant, quelques bagues pour le Temple de la renommée du hockey.

Entre 2001 et 2006, Reconnaissance Williams a quintuplé son chiffre d'affaires, lequel demeure confidentiel. Plusieurs facteurs expliquent cette progression spectaculaire.

Parmi ceux-ci, Alan Whitaker éénumère les incontournables établir un bon plan de marketing, être présent sur le Net, participer aux foires commerciales, bien connaître la concurrence, etc. Selon lui, deux éléments ont toutefois joué en faveur de Reconnaissance Williams: un service à la clientèle qualifié d'irréprochable et une approche plus personnalisée.

«Le marché a beaucoup évolué, dit-il. L'époque où une entreprise offrait une épinglette à 300 $ à son employé est terminée. Dorénavant, on permet à la personne récompensée de choisir ce qu'elle veut recevoir. Elle a accès à un site Web ou à un catalogue imprimé et elle passe elle-même la commande. Les entreprises (et surtout les employés) aiment beaucoup ce genre d'approche.»