À peine entré en fonction, le nouveau patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, a déjà marqué son territoire en remettant à plat l'organisation du constructeur et en poussant vers la sortie le numéro deux, l'encombrant Wolfgang Bernhard.

À peine entré en fonction, le nouveau patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, a déjà marqué son territoire en remettant à plat l'organisation du constructeur et en poussant vers la sortie le numéro deux, l'encombrant Wolfgang Bernhard.

Le groupe automobile allemand a annoncé jeudi une batterie de mesures à l'issue d'une longue réunion du conseil de surveillance.

L'organe de contrôle a entériné la proposition de M. Winterkorn de remanier complètement l'organisation du groupe, divisé jusqu'à présent en deux entités, la division Volkswagen (marques Volkswagen, Skoda, Bentley, Bugatti) et la division Audi (Audi, Seat, Lamborghini).

Les différentes marques du premier constructeur européen opèreront désormais de manière indépendante, mais trois "groupes technologiques" transversaux vont voir le jour pour doper les synergies, a indiqué un porte-parole.

Le premier regroupera les modèles dits de segment A, c'est-à-dire de taille inférieure à la Golf, le deuxième les autres types de voitures particulières, et le troisième les véhicules utilitaires.

Entré en fonction au 1er janvier, en remplacement de Bernd Pischetsrieder renversé par le conseil de surveillance à l'issue d'une longue bataille interne, M. Winterkorn a renforcé parallèlement son pouvoir.

Trois nouveaux postes vont être créés, dont celui de responsable de la production, attribué à l'un de ses fidèles, Jochem Heizmann. M. Winterkorn reprendra par ailleurs en mains propres la responsabilité de la recherche/développement.

Enfin, le nouveau patron de Volkswagen a les mains libres avec le départ de son principal concurrent au sein du groupe, Wolfgang Bernhard.

Le manager, patron du vaisseau amiral, la marque Volkswagen, va quitter l'entreprise au 31 janvier par "consentement mutuel", selon le communiqué du constructeur.

Appelé début 2005 chez Volkswagen pour redresser le groupe en difficulté, M. Bernhard a laissé une empreinte indélébile.

Il est le maître d'oeuvre d'un lourd plan de restructuration, qui devrait entraîner 20.000 suppressions d'emplois en Allemagne d'ici deux ans, soit 20% des effectifs. Et il a joué un rôle clé dans le plan social sur le site de Bruxelles, qui pourrait déboucher sur près de 4.000 départs supplémentaires.

La cure d'austérité, très controversée, a déjà commencé à payer. Selon des chiffres publiés la semaine dernière, les ventes mondiales de Volkswagen ont grimpé de 9,3% l'an dernier à 5,7 millions de voitures, un nouveau record. Et le groupe devrait publier des résultats annuels en forte hausse en mars prochain.

"Winterkorn et son mentor, le président du conseil de surveillance Ferdinand Piëch, sont maintentant les seuls maîtres à bord. Wolfgang Bernhard faisait clairement de l'ombre", note Ferdinand Dudenhöffer, du centre d'études sur l'automobile de Gelsenkirchen (ouest).

"Sur le plan de l'organisation, la décision de supprimer les deux divisions est une bonne chose. Elle devrait renforcer l'identité des différentes filiales. Volkswagen a toute une galaxie de marques qui avaient tendance à se marcher sur les pieds", ajoute-t-il.

M. Dudenhöffer estime enfin que le départ de Wolfgang Bernhard n'aura qu'un impact limité, M. Winterkorn ayant déjà montré quand il était à la tête d'Audi qu'il savait lui aussi maîtriser les coûts.

A Francfort, le marché abondait jeudi dans ce sens. Le titre Volkswagen a clôturé sur un gain de 0,29% à 82,84 euros sur un indice des valeurs Dax en hausse de 1,84%.