La Ligue nationale de hockey (LNH) vivra bientôt sa première véritable récession depuis le début des années 90.

La Ligue nationale de hockey (LNH) vivra bientôt sa première véritable récession depuis le début des années 90.

Pour l'instant, les difficultés économiques aux États-Unis - où se trouvent 24 des 30 équipes - n'ont pas eu de conséquences sérieuses sur les finances du circuit Bettman. Les ventes de billets de saison (+4%) et de billets individuels (+12%) sont même en hausse cette année.

«C'est un peu surprenant, mais nous sommes une ligue qui est en mode croissance, a dit Bill Daly, commissaire adjoint de la LNH, en entrevue à La Presse Affaires. C'est difficile de déterminer si la récession a influencé nos revenus à la baisse. Si c'est le cas, elle a seulement ralenti notre croissance.»

Les dirigeants de la LNH se gardent toutefois de crier victoire trop rapidement - d'autant plus que d'autres ligues de sport professionnel ont été affectées par les difficultés de l'économie américaine. Lundi, la NBA (basket) a licencié 80 employés, soit 9% de ses effectifs.«Je ne nie pas que l'état de l'économie américaine nous préoccupe actuellement, mais nous pensons pouvoir neutraliser tout ça», dit Bill Daly.

Effet à retardement

L'économiste Philip Merrigan est d'avis contraire. Selon le professeur de l'UQAM, la récession américaine frappera surtout les finances de la LNH à partir de la saison 2009-2010. «Les billets de saison sont généralement achetés durant l'été, soit avant le début de la crise financière, dit-il. Les effets négatifs de la crise pourraient donc avoir lieu seulement la saison prochaine. Si les gens ont le choix entre leurs billets de hockey et leur hypothèque, le choix ne sera pas difficile.»

Philip Merrigan fait aussi remarquer que la LNH n'est pas habituée à tirer son épingle du jeu dans un contexte économique difficile. «La LNH n'a vécu qu'une seule récession depuis celle de 1991 -la récession de 2001-, qui a été plutôt brève et suivie de plusieurs années de croissance économique importante», dit-il.

Selon le magazine Forbes, 15 des 30 équipes de la LNH sont déficitaires. La LNH, qui ne reconnaît pas la validité de l'étude annuelle de Forbes, estime plutôt qu'une demi-douzaine de ses équipes perd de l'argent depuis deux ans. «La situation n'a pas changé la saison dernière, dit Bill Daly. Notre santé financière est bonne.»

Le président du Canadien de Montréal, Pierre Boivin, estime que la LNH ne sera pas affectée trop gravement par la récession américaine. «Je ne peux pas m'imaginer qu'un marché comme celui de New York, où 30 000 banquiers ont perdu leur emploi, ne s'en ressentira pas (...) (mais) les gens ont besoin d'évasion et de divertissement dans les périodes difficiles. Ce sont surtout les plus grosses dépenses -les voyages, les rénovations, l'achat d'une nouvelle voiture- qui vont écoper», a dit le président du Canadien à nos collègues des pages sportives de La Presse il y a deux semaines.

Encore une fois, l'économiste Philip Merrigan est en désaccord.

Déménagements possibles

L'auteur du livre Dernière minute de jeu - les millions du hockey pense même que la récession américaine, qui s'annonce longue et importante, pourrait forcer certaines équipes de la LNH à déménager.

«C'est dans une perspective de ralentissement économique et de récession qu'on pourra voir si des marchés comme Nashville et la Caroline sont véritablement solides, dit le professeur d'économie. Je ne serais pas surpris qu'il y ait des équipes qui disparaissent. Si une institution plus que centenaire comme Lehman Brothers est capable de disparaître, je vois mal comment les Hurricanes de la Caroline peuvent être à l'abri de la crise économique!»