Les banques canadiennes se classent premières au monde en ce qui a trait leur santé financière et à la solidité de leur bilan.

Les banques canadiennes se classent premières au monde en ce qui a trait leur santé financière et à la solidité de leur bilan.

Les mesures que doit annoncer aujourd'hui Ottawa pour leur faciliter l'accès à des liquidités à court terme vont les aider à rester en tête de cet enviable peloton.

Le nouveau classement du Forum économique mondial leur accorde la note de 6,8 sur 7, soit un dixième de plus que leurs concurrentes de Suède, du Luxembourg, d'Autriche, du Danemark et des Pays-Bas.

En comparaison, les banques allemandes, américaines et britanniques, qui ont dû recourir à l'intervention étatique très peu prisée par les animateurs du Forum, arrivent aux 39e, 40e et 44e rangs respectivement sur un échantillon de 134 pays.

Ce classement, qui fait partie de la dernière mouture du Rapport sur la compétitivité mondiale qui place le Canada au 10e rang (13e en 2007), a été réalisé avant l'aggravation de la crise financière. Dans le prochain rapport, il serait étonnant de voir les banques des Pays-Bas et du Luxembourg faire si bien, compte tenu du sauvetage in extremis de la banque assurance Fortis.

Des banques à notre image?

La position enviable du Canada paraît plus confortable.

«Les banques canadiennes sont à notre image, tranquilles, sûres, explique en entrevue Thomas Velk, directeur des études économiques nord-américaines à l'Université McGill. Ce ne sont pas des aventurières ni des guerrières qui, parfois, se font blesser.»

M. Velk admire l'esprit d'aventure qui a animé des visionnaires comme les concepteurs d'ordinateurs personnels dans les années 90. Il déplore cependant que les banques américaines aient conçu l'esprit d'aventure comme une séance au casino.

Les banques canadiennes souffrent quand même dans la présente tourmente qui tire son origine aux États-Unis. Leur valeur boursière a fondu de 28% cette année, soit un peu moins que celle du maître indice torontois S&P/TSX. Depuis un an, les banques américaines ont vu se volatiliser 57% de leur capitalisation boursière. Cela va augmenter au cours des prochains jours avec la reprise mercredi des ventes à découvert suspendues depuis la faillite de Lehman Brothers.

Ottawa écarte tout plan de sauvetage des banques canadiennes qui n'en réclament pas de toute façon. Elles demandent par contre qu'on desserre le garrot qui les étouffe.

Sur son site internet, le Globe and Mail affirmait hier qu'Ottawa serait disposé à acheter davantage des obligations garanties par des hypothèques elles-mêmes assurées dans le but de leur offrir les liquidités essentielles à la poursuite de leurs activités courantes.

Mardi, la Banque du Canada avait procédé à une nouvelle prise en pension de 4 milliards d'une durée de 91 jours pour leur venir en aide. Avec l'assèchement du crédit, elles ne parviennent plus à trouver preneur à taux raisonnable pour leurs acceptations bancaires, des titres à court terme renouvelables sans problème dans des circonstances normales.

Malgré les durs contrecoups de la crise financière mondiale qu'elles doivent encaisser, les banques canadiennes restent en meilleure posture que les Américaines.

Dans son Canadian Bank Primer (Précis des banques canadiennes) publié hier, l'analyste André-Philippe Hardy de RBC Valeurs mobilières détaille les grandes différences entre les deux systèmes bancaires.

Des grandes différences

«La plus grande banque américaine contrôle seulement 10% des dépôts (et n'est pas autorisée à en détenir davantage), écrit-il. En comparaison, les cinq plus grandes banques canadiennes ont des parts de plus de 10% dans la plupart des produits bancaires.»

Selon la banque, les activités de dépôts représentent de 45% à 70% des revenus; celles d'affaires (clientèle institutionnelle et de grande entreprise, fusions-acquisitions, conseils) génèrent de 15% à 40% des revenus selon la banque tandis que la gestion de fortune en produit de 10% à 20%.

En revanche, la plupart des banques américaines sont spécialisées: gestion de fortunes, grands courtiers, émetteurs de cartes de crédit, etc.

En plus, très peu d'entre elles oeuvrent à l'extérieur de leurs frontières. Par contraste, la moitié des 62 000 employés de la Banque Scotia et la moitié de ses 2500 succursales sont hors Canada. En fait 3$ sur 10 de bénéfices des banques canadiennes sont réalisés en moyenne outre frontière.

«Le rendement des banques canadiennes a été bien meilleur que celui des banques américaines au cours des récentes années», écrit M. Hardy.

Cette année, ce seront les pertes qui seront moins grandes...