Bombardier (T.BBD.B) étudie une version à grande capacité de la CSeries qui empiétera encore davantage sur le territoire d'Airbus et de Boeing. L'avionneur montréalais est cependant confiant de pouvoir se faufiler entre ses géants.

Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] étudie une version à grande capacité de la CSeries qui empiétera encore davantage sur le territoire d'Airbus et de Boeing. L'avionneur montréalais est cependant confiant de pouvoir se faufiler entre ses géants.

«S'ils pouvaient nous empêcher de le faire, ils le feraient, c'est certain, a commenté le chef de la direction financière de Bombardier, Pierre Alary, après avoir prononcé un discours devant le Cercle finance et placement du Québec hier. Leur réponse, c'est de prendre un appareil existant et de le faire un peu plus petit, mais ce n'est pas un avion qui est efficace pour ce marché.»

Bombardier devrait décider cette année si elle lancera la CSeries, une nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places. Le plus petit membre de la famille affrontera l'A318 d'Airbus et le Boeing 737-600, alors que le plus gros se frottera à l'A319 et au 737-700.

Or, Bombardier étudie une version «à grande capacité» de son appareil: il s'agira de rapprocher les sièges à l'intérieur du même fuselage et d'offrir ainsi 145 places. Cette petite modification placera l'appareil en concurrence encore plus directe avec le 737-700 et le rapprochera dangereusement de la capacité du très populaire A320.

Un analyste de l'industrie aéronautique, Richard Aboulafia, de la firme américaine Teal Group, a toutefois affirmé que quelle que soit la capacité exacte des appareils de la CSeries, Airbus et Boeing ne seront pas contents.

«Offrir la CSeries, c'est comme marcher sur un nid de guêpes», a-t-il affirmé.

M. Alary a cependant rappelé qu'Airbus et Boeing avaient déjà pas mal de pain sur la planche avec d'autres projets. Airbus doit gérer les délais qui ont caractérisé le développement de l'énorme A380 et de l'A350.

De son côté, Boeing a également dû faire face à des délais au niveau du développement du 787, le Dreamliner, en plus de développer une nouvelle version du 747.

M. Alary a ajouté que les deux grands manufacturiers n'étaient pas sur le point de remplacer l'A320 et le 737, ce qui aurait réduit l'avantage de la CSeries.

«Ils n'ont pas intérêt à le faire parce que ces appareils sont actuellement leur vache à lait, a-t-il expliqué. S'ils annoncent qu'ils vont les remplacer, les clients vont cesser de passer des commandes et vont attendre.»

Il n'y a pas si longtemps, les deux géants laissaient miroiter la possibilité d'un remplacement dès 2012. Au cours des dernières semaines, ils ont plutôt indiqué qu'ils visaient 2020, expliquant qu'ils voulaient attendre que des moteurs vraiment révolutionnaires fassent leur apparition sur le marché.

La CSeries devrait prendre son envol en 2013. Elle aura donc plus de temps pour faire sa place.

«Cela nous donne un bon positionnement, a déclaré M. Alary. C'est pour cela que les marchés ont une perception différente de la CSeries par rapport à celle qu'ils avaient il y a deux ans.»