Le démarrage d'entreprise exige passion et détermination. Pour que la pâte lève, il faut réunir beaucoup d'ingrédients. La Presse Affaires les aborde à tour de rôle dans le cadre d'une série de 12 articles hebdomadaires. Cette semaine, la technologie.
Le démarrage d'entreprise exige passion et détermination. Pour que la pâte lève, il faut réunir beaucoup d'ingrédients. La Presse Affaires les aborde à tour de rôle dans le cadre d'une série de 12 articles hebdomadaires. Cette semaine, la technologie.
Vous comptez démarrer une affaire? Vous ne le soupçonnez peut-être pas, mais la technologie jouera un rôle majeur dans le succès de vos activités. Oui, oui, même si vous vendez des animaux en peluche, comme Univers Toutou.
L'air de rien, les clients des cinq boutiques d'Univers Toutou empruntent un parcours des plus technologiques. D'abord, leur enfant (ou le parent) choisit une peluche vide, qu'il aide à remplir en actionnant la pédale d'une rembourreuse adaptée au marché du détail.
Ensuite, il peut choisir le son émis par l'animal lorsqu'on appuie sur son bedon. Si aucune des options proposées sur le distributeur ne lui plaît, le client peut enregistrer sa propre voix.
Sur le plan technologique, ces premières étapes constituent... un jeu d'enfant. C'est ensuite qu'intervient un petit bijou de technologie: le client s'installe à un poste qui lui permettra de créer un passeport personnalisé pour son toutou, photo webcam incluse.
Ne reste qu'à passer à la douane, c'est-à-dire à la caisse, configurée de telle sorte qu'en cas de pépin, un administrateur du siège social puisse intervenir à distance. Dernier jalon du parcours, les parents versent une larme en voyant leur progéniture prêter serment à son nouvel ami.
Aucune technologie nécessaire ici: l'enfant est invité à répéter à voix haute le serment noté sur un tableau!
Dès ses débuts en 2004, Univers Toutou s'est doté d'une boutique en ligne. Les commandes proviennent maintenant d'aussi loin que la Nouvelle-Calédonie.
Sur le site, les clients peuvent aussi envoyer des photos. Comme le nain de jardin d'Amélie Poulain, les peluches d'Univers Toutou voient du pays.
Aller à l'essentiel
Dominique Benarroch est directeur, Conseils en gestion chez DMR. S'il avait un seul conseil à prodiguer aux nouveaux entrepreneurs, ce serait celui-ci: «Concentrez-vous d'abord sur les technologies qui contribuent à satisfaire les besoins de vos clients». Tout le reste est périphérique, dit-il.
«Bien que la comptabilité et la gestion des ressources humaines soient des éléments importants d'une PME, elles ne sont généralement pas au coeur de ses processus opérationnels. Un boulanger doit d'abord veiller à faciliter chacune des étapes nécessaires à la fabrication du pain», explique-t-il.
Or, en matière de technologie, le premier réflexe des nouveaux entrepreneurs est souvent d'acheter un logiciel comptable. C'est très louable, note M. Benarroch, mais ce genre d'application est peu susceptible de leur fournir un avantage compétitif.
Une grande partie du savoir-faire des PME se retrouve dans leurs processus, soit dans la chaîne des opérations permettant de satisfaire les besoins de la clientèle. Le dirigeant doit prendre le temps d'expliciter chaque maillon de cette chaîne.
Cela fait, l'idéal est de solliciter l'avis de professionnels. «Un consultant expérimenté peut faire économiser du temps et de l'argent à un entrepreneur. Même dans le simple cadre d'une demande de soumission, ce dernier pourra se faire une tête, apprendre le jargon, obtenir des noms», souligne M. Benarroch.
Consulter des spécialistes
Chez Univers Toutou, on n'a pas hésité à faire appel à de l'aide, le moment venu.
«La station de création du passeport n'existait pas. On a fait développer le logiciel», explique Pierre-Luc Brodeur, l'un des deux associés d'Univers Toutou (avec Jules Fugère).
Au début, le poste comprenait un clavier pour entrer le nom du toutou et l'adresse courriel de son propriétaire. Ce clavier a rapidement été remplacé par un écran tactile, qui correspondait aux réflexes des clients. La technologie webcam fait aussi l'objet de fréquentes mises à jour.
Sur le plan des avantages compétitifs, on imagine facilement la valeur de la base de données d'Univers Toutou, qui contient maintenant les adresses courriel de 96 000 clients.
«On s'en sert pour envoyer des cartes d'anniversaire et pour annoncer des promotions, à Noël et à Pâques par exemple», précise M. Brodeur.
Les clients apprécient ces courriels occasionnels. «Il est déjà arrivé qu'on perde des adresses ou des dates. On se l'est fait dire!» raconte M. Brodeur. L'entreprise mise maintenant sur l'entretien du système. Dans chaque boutique, un technicien passe une fois par saison à titre préventif.
Vaut-il mieux acheter ou louer ses systèmes informatiques? Selon Dominique Benarroch de DMR, la plupart des technologies, surtout le matériel informatique, ont tellement chuté de prix ces dernières années qu'en règle générale, il n'y a plus d'avantage à louer.
Univers Toutou possède tout son équipement, sauf les imprimantes laser. «Ça ne valait pas l'investissement, estime M. Brodeur. Notre fournisseur actuel nous garantit la disponibilité d'une imprimante de remplacement dans chaque région. Au cas où, on garde aussi une imprimante à jet d'encre dans chaque boutique.»
On n'est jamais trop prévoyant. Comme M. Brodeur a remarqué: quand la technologie lâche, c'est toujours un samedi à l'heure de pointe!
Un aspect important: la sécurité
Les enjeux de la sécurité ne sont pas assez connus, déplore Jacques Viau, directeur de l'Institut de la sécurité de l'information du Québec.
L'entrepreneur doit d'abord se demander: «Qu'est-ce qui est essentiel à la survie de mon entreprise?»
Ensuite, il doit évaluer les risques et envisager immédiatement les solutions concrètes. Par exemple, si une intrusion, un incendie, une inondation ou un simple bris venait mettre en danger un processus essentiel, saurait-il quoi faire?
A-t-il prévu une forme de redondance qui lui permettrait de contourner le problème? La sécurité à 100% n'existe pas, reconnaît M. Viau. Mais l'entrepreneur doit évaluer son niveau de confort face aux différents risques et prévoir un plan de contingence aussi détaillé que possible.
Conseils à suivre
> Établir clairement les processus qui sont essentiels à la bonne marche des affaires.
> La sélection des outils technologiques ne doit pas se faire en fonction du coût, mais des bénéfices qu'ils peuvent rapporter.
> Un client qui se plaint rend service à l'entreprise. Un système de gestion et de traitement des plaintes est donc conseillé.
Écueils à éviter
> Sous-estimer les investissements nécessaires, notamment au chapitre de l'entretien préventif des systèmes.
> Négliger de former les employés qui utiliseront les technologies.
> Jouer à l'autruche en matière de sécurité informatique.