Si le mariage entre Microsoft (MSFT) et Yahoo! (YHOO) venait à être consommé, le rejeton aurait un potentiel intéressant dans le marché québécois de la pub sur les moteurs de recherche.

Si le mariage entre Microsoft [[|ticker sym='MSFT'|]] et Yahoo! [[|ticker sym='YHOO'|]] venait à être consommé, le rejeton aurait un potentiel intéressant dans le marché québécois de la pub sur les moteurs de recherche.

Mais avant de s'approprier une part significative des 96 millions investis dans ce secteur florissant, le nouveau-né devra faire quelques miracles, estiment les acteurs du milieu.

Actuellement, plusieurs firmes de référencement québécoises (des entreprises qui achètent de la publicité sur les moteurs de recherche pour des clients tiers) lèvent carrément le nez sur Yahoo! et MSN, préférant se concentrer uniquement sur le moteur de Google.

«Yahoo! et Microsoft attirent si peu de visiteurs comparativement à Google que nous ne voyons pas d'intérêt à pousser nos clients à y dépenser leur argent. Google se démarque vraiment de ses concurrents», résume Hélène Thibault, de l'agence de référencement Canada-Média.

Partout dans le monde, les publicités contextuelles sur moteurs de recherche connaissent une croissance fulgurante.

Au Québec, ce secteur précis de la publicité en ligne - qui entre en compétition avec l'affichage de bannières sur les sites web et les petites annonces payantes - représente plus du tiers des 275 millions investis sur la Toile par les annonceurs.

Une hausse de 24% depuis 2003, indiquent des données récentes du Bureau de la publicité interactive du Canada.

Bien qu'aucun des trois principaux moteurs de recherche ne dévoile le détail de ses revenus publicitaires, des données recueillies par La Presse Affaires auprès de différentes sources indiquent que Google détiendrait l'essentiel du marché au Québec, avec 80% des visites sur son moteur.

MSN-Sympatico, de Microsoft, recueillerait un maigre 10% du reste des visites, alors que Yahoo! , pourtant doté de la filiale québécoise Yahoo! Québec, se contenterait de quelques grenailles.

Yahoo! et MSN se reprennent grâce à la popularité de leurs portails d'information, mais en ce qui a trait aux recherches sur les moteurs, «le volume n'est tout simplement pas là», explique Louis Durocher, propriétaire de la firme de référencement Orénoque.

L'éventuelle fusion de MSN et de Yahoo! pourrait en partie régler ce problème, estiment certains spécialistes.

«Avec leurs services respectifs de courriel - Yahoo! mail et Hotmail - et des services très populaires comme Flickr (un site de partage de photos appartenant à Yahoo!), la nouvelle entreprise pourrait attirer un nombre critique d'internautes», croit M. Durocher.

Nettoyage nécessaire

Mais pour accaparer une plus grande part du marché, le nouveau géant à deux têtes devrait d'abord «nettoyer» son moteur, estime le spécialiste de la stratégie web Michel Leblanc.

«Avec MSN, le moteur a été tellement enseveli sous la pizza du portail que les internautes ne pensent pas à s'en servir. Il y a tout simplement trop de matériel sur le site».

Autre problème, et non le moindre: l'interface web créée par Microsoft pour permettre aux annonceurs d'acheter des publicités sur MSN est défaillant, estime Yannick Manuri, spécialiste du placement publicitaire sur l'internet.

«Le système est extrêmement lent. Il arrive que des annonceurs doivent attendre jusqu'à 24 heures après l'achat pour que leur pub apparaisse en ligne», illustre-t-il.

«Avec Google, ça prend cinq minutes maximum, et la pub est live. Google l'emporte aussi pour les campagnes plus complexes», soutient M. Manuri.

«Avec Google, tu peux organiser en quelques clics une campagne simultanée en Italie, à Hong-Kong et en Israël. Pour en faire autant avec MSN, il faut appeler un agent dans chaque pays», précise-t-il.

À terme, il est cependant évident que l'arrivée d'un nouveau joueur dans le marché ferait l'affaire des agences de publicité.

«Dans le milieu, après la lune de miel, Google commence à être perçu comme une entreprise arrogante», note Louis Durocher.

«Leur position dominante leur permet d'exiger toutes sortes de petits détails techniques qui font suer bien des webmestres. Ils commencent à vouloir contrôler le contenu des hyperliens, ce qui va à l'encontre de l'essence du web.»