Le Brésil espère entrer bientôt dans le club restreint des pays exportateurs de pétrole grâce à la découverte d'importantes réserves en mer.

Le Brésil espère entrer bientôt dans le club restreint des pays exportateurs de pétrole grâce à la découverte d'importantes réserves en mer.

Les experts appellent cependant à la prudence face aux difficiles conditions d'exploitation de ces ressources.

L'entreprise brésilienne Petrobras a annoncé jeudi une découverte qui modifie le paysage pétrolier du Brésil: le gisement de Tupi, dans la baie de Santos (au sud de Rio de Janeiro), avec des réserves estimées entre 5 et 8 milliards de barils de pétrole, peut augmenter jusqu'à 50% les réserves nationales.

Petrobras a indiqué que les analyses ont également mis à jour une zone de 800 km le long du littoral du sud et sud-est brésilien qui pourrait faire du Brésil un «pays exportateur au niveau des pays arabes ou du Venezuela», selon les termes de la ministre en charge du cabinet présidentiel Dilma Rousseff.

La zone des découvertes se trouve à 250 km de la côte, à une profondeur comprise entre sept et neuf mille mètres, sous une importante couche de sel.

Les tests de Petrobras ont mis à jour du pétrole léger (28° API, mesure internationale de qualité d'autant meilleur que plus élevée) de grande valeur commerciale, ainsi qu'une grande quantité de gaz. Aujourd'hui le Brésil produit essentiellement du pétrole lourd (13 à 15° API).

«C'est la première fois que nous arrivons à cette profondeur et la technologie est chère», a indiqué Guillerme Estrella, directeur de l'exploitation et de la production de Petrobras. «Et nous devons encore étudier comment utiliser le gaz parce qu'on ne peut pas faire un gazoduc de 250 km. Les alternatives sont la génération d'énergie fluctuante ou la liquéfaction. Les coûts sont élevés, mais la quantité de pétrole donne robustesse et viabilité à l'investissement», a-t-il assuré.

Plusieurs experts font toutefois preuve de prudence.

«Petrobras a découvert de grands volumes de pétrole. Mais cela ne veut pas dire que le Brésil va devenir instantanément un pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)», a dit à l'AFP Roberto Schaeffer, professeur à l'Université fédérale de Rio de Janeiro.

Selon lui, le champs pétrolifère de Tupi peut augmenter de 40% la production actuelle du Brésil et lui assure l'autosuffisance pétrolière. Mais pour que le pays devienne un grand exportateur il faudra une confirmation de la découverte et sa viabilité.

Pour Adriano Pires, directeur du centre brésilien d'infrastructure, «c'est une production très chère, en eaux profondes, qui pourra commencer dans le meilleur des cas en 2012 ou 2013, et ne sera fiable que si le prix du pétrole se maintient à un niveau élevé».

Le gouvernement a décidé de retirer de l'appel d'offres d'exploitation prévue à la fin du mois 41 blocs (sur 312) de cette nouvelle zone. La décision a été prise pour défendre «l'intérêt public» a dit la ministre Rousseff, tout en niant qu'il s'agisse d'une mesure de nationalisation.

Petrobras a terminé 2006 avec un bénéfice record de 11,8 milliards de dollars, des réserves de 11,5 milliards de barils et une production de 1,9 millions de barils. Cette production assure l'autosuffisance en chiffres totaux. Toutefois le Brésil exporte une partie de son pétrole lourd et importe des dérivés du pétrole léger, ce qu'il pourra éviter dans l'avenir si les découvertes de pétrole de meilleure qualité tiennent leur promesse.

L'État brésilien détient 32% du capital social de Petrobras et 55,7% du capital avec droit de vote, ce qui lui assure le contrôle de la compagnie.

L'annonce de Petrobras a été considérée comme opportune, sinon opportuniste par la presse, à un moment où le Brésil est confronté à des problèmes d'approvisionnement en gaz.