L'aérospatiale québécoise craint ne pas obtenir sa juste part des retombées des contrats militaires de 13 milliards octroyés à Boeing et à Lockheed Martin par le gouvernement fédéral.

L'aérospatiale québécoise craint ne pas obtenir sa juste part des retombées des contrats militaires de 13 milliards octroyés à Boeing et à Lockheed Martin par le gouvernement fédéral.

Heureusement, l'annonce d'hier par CAE, de Ville Saint-Laurent, rassure quelque peu.

Le fabricant de simulateurs de vol s'est dit confiant de remporter un contrat fédéral visant la fourniture de systèmes d'entraînement opérationnel pour 17 avions C-130J (Lockheed Martin) et 16 hélicoptères CH-47 (Boeing) achetés plus tôt cette année par Ottawa.

Ce contrat, évalué à 200 millions, ne sera toutefois pas comptabilisé dans les retombées promises.

Si l'on se fie au premier contrat accordé à Boeing pour les quatre avions stratégiques C-17, la bataille n'est pas gagnée.

Quelque 47% des retombées de ce contrat de 1,9 milliard auraient été promises au reste du Canada.

Le Québec compte pourtant pour environ 60% des ventes canadiennes et 75% des dépenses en recherche et développement.

"Nous obtiendrons des contrats grâce à nos compétences", estime Sébastien Farkas, vice-président, opérations, de Techniprodec, un fabricant montréalais de pièces moulées.

"Ça me choque d'entendre le ministre fédéral de l'Industrie, en poste lors de l'octroi du premier contrat, dire qu'il faut laisser faire le marché", s'insurge Mehran Ebrahimi, de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM.

"Il n'y a pas d'industrie aéronautique qui ne soit largement soutenue par son gouvernement, ajoute-t-il. L'Europe y va de subventions massives tandis qu'ici on fournit des prêts".

André Bazergui, du Centre de recherche et d'innovation et aérospatiale du Québec, constate que l'industrie canadienne est la seule à ne pas bénéficier d'aides militaires non remboursables.

Le professeur Ebrahimi remarque que la tendance est à la concentration de l'industrie plutôt qu'à sa dispersion.

C'est pourquoi il déplore le peu d'empressement à garantir une part des retombées au Québec.

Cet état de fait pourrait jouer en faveur de l'usine de Boeing à Winnipeg.

Laurie Gunter, porte-parole de Boeing, admet ne pas pouvoir citer de fournisseurs canadiens autre que Boeing Winnipeg.

Boeing traite avec des fournisseurs de premier niveau plutôt qu'avec de petits fournisseurs.

Les fournisseurs de premier niveau agissent à titre d'intermédiaire entre le constructeur et les petits fournisseurs.

Les chances des sociétés québécoises se retrouveraient donc de ce côté.

Cela n'a pas empêché des fournisseurs québécois de se rendre récemment à Saint Louis et à Atlanta pour y rencontrer des représentants de Boeing et Lockheed Martin. L'accueil aurait été très favorable.

"Boeing entreprendra des démarches pour mettre en contact ses fournisseurs de premier niveau et les sociétés québécoises et canadiennes", mentionne Jean-Marc Fron, du siège social de Boeing à Chicago.