La récession américaine frappe tous les secteurs, même les sapins de Noël, dont les prix baissent dans plusieurs villes au sud de la frontière.

La récession américaine frappe tous les secteurs, même les sapins de Noël, dont les prix baissent dans plusieurs villes au sud de la frontière.

Chez des détaillants de sapins naturels, «les prix baissent, notamment en Floride», a affirmé à La Presse Affaires le président de l'Association des producteurs d'arbres de Noël du Québec, Fernand R. Plante.

En Californie et en Floride notamment, le prix des maisons chute d'au moins 25%, après la multiplication des saisies.

«Des sapins de 60$US l'an dernier sont offerts à 50$US cette année. Les plus gros se vendent à 70$US», selon Fernand Plante.

«Des détaillants de sapins se sont inquiétés de l'impact de la récession aux États-Unis, mais il n'y a pas eu d'annulations. Au pire, les commandes ont baissé de 5%» par rapport à 2007, réplique André Pettigrew, agronome du ministère de l'Agriculture (MAPAQ) et spécialiste du marché des sapins.

Malgré des prix au détail plus bas, le président des producteurs québécois, qui vient de terminer sa saison (le samedi 13 décembre dernier), ne se plaint pas.

Ses commandes ont égalé celles de l'an dernier, dans le Nord-Est des États-Unis en particulier, et avec le huard en baisse, ses prix de gros ont même rapporté plus.

La valeur du huard

Les États-Unis ont d'abord acheté un peu moins de sapins en septembre, tout comme en 2007 d'ailleurs, mais ils ont répété les commandes par la suite, pour un total similaire, explique Fernand Plante.

Si par ailleurs le taux de change était moins favorable aux exportations en septembre dernier, avec un huard presque à parité, ce n'était plus du tout le cas pour les dernières commandes, à 0,80$US, ajoute le président Plante. Comme les sapins sont exportés en dollars américains, les producteurs ont alors encaissé près de 25 cents de plus par dollar de vente en gros.

Les distributeurs américains s'entendent en septembre avec les producteurs, qui commencent à couper les sapins en novembre, note André Pettigrew. Cette année, le taux de change a joué en faveur des producteurs. Les prix de gros à l'exportation n'ont pas bougé, à 20$US ou 25$US, ajoute André Pettigrew.

Pour le consommateur québécois, les prix demeurent à 30$ ou 40$. C'est plus cher à Montréal (35$ ou 40$) qu'à Québec et surtout Sherbrooke (25$), car un grand nombre de producteurs se concentrent dans la région, précisent MM. Pettigrew et Plante. Au détail, un sapin se vend 5$ ou 6$ le pied et, souvent, on en achète un plus petit pour le condo, note Fernand Plante.

Le marché américain a tenu le coup, malgré la dure récession, parce que les citoyens prévoient moins sortir, pour limiter les dépenses, et décorer davantage leur maison pour festoyer avec des parents et amis, évoque le porte-parole des producteurs québécois.

Sapins et couronnes

Fernand Plante croit que les producteurs du Québec, grâce à 1250 employés, ont exporté pour les Fêtes tout près d'un million de sapins et couronnes, non seulement aux États-Unis, mais aussi en Amérique du Sud, au Mexique et dans les Antilles. Cela se compare à 943 700 unités en 2007, pour des revenus de gros de 15,7 millions, réplique André Pettigrew.

La Nouvelle-Écosse demeure l'autre producteur important au pays, pour des recettes canadiennes de 29,8 millions l'an dernier.

Les producteurs québécois viennent aussi de vendre près de 425 000 sapins naturels aux distributeurs locaux et d'ailleurs au Canada, dont en Alberta et en Ontario, estime Fernand Plante.

Les exportations représentent près de 70% du marché, souligne André Pettigrew, mais elles baissent depuis 2001 (1,5 million de sapins), selon Statistique Canada. Cela s'explique par les fluctuations du taux de change et des ventes qui ont parfois puisé trop vite dans la production planifiée. Au Québec et ailleurs au Canada, les ventes des producteurs d'ici ont ainsi chuté de 763 636 sapins naturels en 1996 à 583 421 unités en 2007, dit l'agronome, mais la récolte a pu recommencer à augmenter en 2008.

Et un sapin naturel, c'est bon aussi pour l'environnement, au contraire des artificiels qui viennent d'Asie et aboutissent aux sites d'enfouissement, conclut Fernand Plante.