La direction de Bell Canada semblait tellement persuadée de voir la transaction se conclure avec Teachers' qu'elle a arrêté il y a deux semaines de faire des prélèvements automatiques sur les paies de ses employés qui participaient à l'actionnariat de l'entreprise, a appris La Presse Affaires.

La direction de Bell Canada semblait tellement persuadée de voir la transaction se conclure avec Teachers' qu'elle a arrêté il y a deux semaines de faire des prélèvements automatiques sur les paies de ses employés qui participaient à l'actionnariat de l'entreprise, a appris La Presse Affaires.

Comme tous les autres actionnaires, ces travailleurs devaient recevoir 42,75$ par action après le retrait de BCE des marchés boursiers.

«Depuis l'annonce de KPMG (le 26 novembre), c'est sûr qu'il y avait des doutes, mais la semaine précédant ça, on avait reçu un courriel disant qu'on allait recevoir nos chèques la semaine du 11 décembre», affirme Francine Charron, commis chez Bell et déléguée syndicale en chef au SCEP.

«Certains employés ont déjà dépensé l'argent! poursuit-elle. Les gens étaient sûrs d'avoir cet argent-là.»

Un technicien employé de Bell depuis 30 ans, qui a préféré garder l'anonymat, a de son côté acheté pour plus de 24 000$ d'actions de l'entreprise il y a trois mois après un discours encourageant de ses patrons. «On s'est fait rassurer par George Cope et la direction de Teachers' que tout cela allait bon train. J'ai cassé mon cochon pour acheter des actions. Disons que la pilule est amère aujourd'hui...»

Les employés ne savent pas ce qu'il adviendra du programme de participation à l'actionnariat auquel ils souscrivaient jusqu'à tout récemment. Pour chaque 3$ investi, BCE ajoutait 1$, ont-ils indiqué. Un incitatif de taille pour plusieurs.

«On est en train de regarder comment réagir à ça, on veut ravoir cet avantage-là», dit Francine Charron.

Le porte-parole de BCE a refusé de commenter sur les «communications internes» du groupe, hier.

Un pilote dans l'avion?

Les employés semblent entretenir des sentiments ambivalents à la suite de l'échec du rachat de leur entreprise pour 52 milliards par des fonds d'investissement privés. Ils auraient certes aimé obtenir 42,75$ par action, mais plusieurs s'inquiétaient aussi de la façon dont BCE aurait été gérée après son retrait de la Bourse.

Maintenant que la transaction est morte et enterrée, après plus de 17 mois de rebondissements, plusieurs espèrent voir Bell reprendre son rythme de croisière.

«Ça fait un an et demi qu'on cherche un pilote dans l'avion, tout flotte, dit un employé. Il y a de drôles de décisions qui se prennent, elles sont toutes à très court terme.»

Les coupes massives de 2500 cadres effectuées après l'entrée en poste du nouveau PDG George Cope l'été dernier ont ajouté à l'incertitude ambiante, indique un cadre. «Ça paralysait un peu les décisions. Tout le monde avait peur à cause de la privatisation. Tout le monde voulait être bien positionné et bien paraître avant le changement de contrôle.»

Le moral des employés «n'est pas très bon», conclut-il.