Pourquoi payer des chaussures 275 $ US lorsqu'on peut avoir les mêmes pour 149,97 $ US ? À New York, quelques magasins ont construit leur réputation sur les rabais qu'ils appliquent aux marques. Mais à l'heure de la récession, même la ruée sur les rabais se tarit.

Pourquoi payer des chaussures 275 $ US lorsqu'on peut avoir les mêmes pour 149,97 $ US ? À New York, quelques magasins ont construit leur réputation sur les rabais qu'ils appliquent aux marques. Mais à l'heure de la récession, même la ruée sur les rabais se tarit.

Situé à quelques mètres de «Ground Zero» à Manhattan, Century 21, le plus célèbre de ces magasins, propose quatre étages de marchandises allant des jeans aux rideaux de douche.

Dès 7h45, des centaines d'acheteurs, étrangers pour la plupart, empilent chemises, chaussettes et écharpes dans des chariots à roulettes en plastique rouge.

«Le yen est fort actuellement, ce caleçon Polo Ralph Lauren que je paye 9,99 $ US me coûerait environ 30 $ US au Japon», déclare Tomo, 33 ans, un graphiste industriel qui vient une fois par an à New York faire sa provision de sous-vêtements masculins.

Mais à l'heure de la crise, alors que la plupart des boutiques, même les plus luxueuses, proposent des soldes à 50% voire 70% à trois semaines de Noël, les affaires sont loin d'être prospères.

«Nous avons moins de clients que l'année dernière», remarque Laura Marrocolla, vendeuse depuis dix ans chez Century 21. «D'habitude, les gens font la queue dès l'ouverture, là ce n'est pas le cas alors que nous sommes dans la meilleure période de l'année», souligne-t-elle.

Les acheteurs parlent français, italien, hébreu ou suédois, et évoquent la récente remontée du dollar pour expliquer leurs moindres dépenses.

Pour appâter le client, Century 21 souligne l'économie réalisée par rapport à des prix qui sont censés être pratiqués ailleurs. Ainsi, un coffret de cosmétiques Lancôme, «qui coûtait 80 $ US, est vendu actuellement 72,50 $ US, alors que sa valeur est de 109 $ US», proclame une pancarte au rayon parfumerie.

Daffy's, paradis pour enfants situé sur Broadway, Syms, qui habille les hommes sur la très élégante Park avenue, la chaîne Filene's Basement, Designer Shoe Warehouse, toutes ces enseignes se sont spécialisées dans le «discount», une formule qui permet surtout d'écouler les invendus ou les produits les moins réussis.

Dans la panoplie du consommateur économe, les dépôts-vente sont une source précieuse d'approvisionnement, mais là aussi l'offre dépasse la demande.

L'un des plus élégants, Ina, qui a plusieurs boutiques à New York, offre des sacs Chanel d'occasion à 1600 $ US et des vestes en vison à 4000 $ US

Mais la boutique de Prince Street est pratiquement vide, les passantes ressortent sans rien acheter, et la gérante est surtout occupée à négocier au téléphone: «Vous voulez 75% du prix de vente? Non, ici c'est 50/50», répond-elle à une femme qui voudrait se défaire de ses bijoux.

Chez Tokyo 7, une caverne d'Ali Baba remplie de jupes Gucci à 250 $ US, étoles en fourrure à 150 et robes Valentino à 160, une jeune blonde apporte des affaires qu'elle cherche à vendre, notamment une paire de bottes qu'elle a achetée 1200 $ US.

«Proposez un prix», dit le responsable asiatique de la boutique. «800 $ US vous rêvez, on en trouve partout des neuves soldées deux fois moins cher! Je peux essayer de les vendre 200 $ US, 100 pour vous et 100 pour moi, mais sans garantie», dit-il à la jeune femme qui accepte. «Je n'ai pas le choix, j'ai besoin d'argent», dit-elle en refusant de donner son nom.