La Russie, fragilisée ces dernières semaines par la dégringolade des cours du pétrole et la fuite des capitaux a vu ses perspectives s'assombrir encore lundi lorsque l'agence de notation Standard & Poor's a abaissé sa note souveraine.

La Russie, fragilisée ces dernières semaines par la dégringolade des cours du pétrole et la fuite des capitaux a vu ses perspectives s'assombrir encore lundi lorsque l'agence de notation Standard & Poor's a abaissé sa note souveraine.

La note de la dette souveraine à long terme de la Russie est passée de 'BBB+' à 'BBB', a indiqué SP dans un communiqué. Selon les analystes, il s'agit de la première baisse de ce type pour la Russie depuis neuf ans.

SP précise que la perspective sur ces notes est «négative», c'est-à-dire que le prochain mouvement a toutes les chances d'être à nouveau à la baisse.

Chaque baisse de note signifie que les créanciers de la Russie voient diminuer leurs chances d'être remboursés, de l'avis de SP. Pour la Russie, elle signifie que le crédit devient de plus en plus cher.

SP justifie sa décision par le brutal retournement des flux de capitaux, qui quittent la Russie à grande échelle et «rendent plus coûteux et plus difficile pour le pays de faire face à ses besoins externes en financement», selon son analyste Frank Gill. Initiées par la guerre en Géorgie, les fuites de capitaux ont été amplifiées par la crise financière cet automne.

«Les perspectives macroéconomiques de la Russie se sont assombries», juge aussi Juan Carlos Rodado, économiste de la banque Natixis: sa devise, le rouble, est victime de la méfiance de la population, qui «anticipe clairement un net affaiblissement tout en redoutant un effondrement du système bancaire».

Le pays est soumis à de fortes pressions sur sa balance des comptes courants en raison des remboursements de dette qu'opèrent les entreprises à l'étranger et de fuites de capitaux de la part des particuliers.

«Une décennie de bonne gestion de ses recettes à l'exportation a donné beaucoup de marge de manoeuvre à la Russie dans les turbulences actuelles de marché», souligne SP.

Malgré cela, l'«épuisement rapide» de ses réserves financières accroît à terme le risque de volatilité du rouble, ce qui serait porteur de conséquences potentielles «encore plus graves pour le secteur privé», note-t-elle.

Depuis le mois d'août 2008, les réserves financières de la Russie ont reculé de 583 à 455 G$, rappelle SP.

Une grande partie de cette somme a servi à défendre le rouble face aux attaques spéculatives, ce qui ne l'a pas empêché de céder 18% de sa valeur face au dollar depuis début août, selon M. Rodado.

Le PIB russe, en forte croissance depuis près de dix ans, va subir une «brusque décélération en 2009», tandis que le budget fédéral va probablement passer dans le rouge en raison des baisses de rentrées fiscales attendues, prévient SP.

Et en l'absence d'un rebond des cours du pétrole, désormais au plus bas depuis décembre 2004, le gouvernement russe se verra contraint de puiser à flots dans ses fonds souverains pour boucler ses budgets 2009 et 2010 et assurer la recapitalisation des banques russes, estime SP.

L'agence s'inquiète aussi de la capacité de l'économie russe à attirer les capitaux, jugeant qu'elle demeure «affectée par l'imprévisibilité du climat des affaires».

Les analystes de la banque UBS se montrent moins alarmistes: «La Russie a laissé son économie surchauffer et son inflation aller trop loin, mais elle a essayé de corriger ces tendances depuis mars. (Le) gouvernement a les moyens pour régler les problèmes qui restent tant qu'il ne les gaspille pas sur des choses au-delà de leur contrôle», soulignent-ils dans une note.

Ils concèdent toutefois qu'en Russie, «le risque politique demeure élevé».