Les jeunes risquent d'avoir des problèmes de surdité plus rapidement que leurs aînés. Mais il est difficile de leur faire entendre raison quand les conséquences surviennent 10 ou 20 ans après les abus.

Les jeunes risquent d'avoir des problèmes de surdité plus rapidement que leurs aînés. Mais il est difficile de leur faire entendre raison quand les conséquences surviennent 10 ou 20 ans après les abus.

Les pertes d'audition commencent généralement à se manifester dans la soixantaine. Les travailleurs soumis à un stress sonore intense s'en ressentent plus tôt: le port d'une aide auditive peut survenir dès 47 ou 50 ans.

Pour la génération Walkman d'il y a 25 ans, l'utilisation des écouteurs ne semble pas avoir eu d'influence marquée sur la qualité de l'audition. Mais on ne peut pas en dire autant de la génération iPod et MP3, chez laquelle le port des écouteurs est devenu aussi constant que celui des bobettes.

L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) mène à ce propos une étude auprès des jeunes de 15 ans. Les chercheurs les laissent utiliser leur appareil selon leurs habitudes, puis ils mesurent des indices précurseurs d'une sollicitation abusive de l'oreille, comme la fatigue auditive ou un dérèglement du fonctionnement de l'oreille interne.

«Et on mesure aussi la sortie de leur iPod, précise Michel Larocque, audiologiste à l'INSPQ. On a de grosses surprises: ça sort fort.»

Pour 40% des ados, il ne semble pas y avoir de séquelles. «Mais il y a une bonne proportion pour qui ça va être problématique à long terme, poursuit Michel Larocque. Et 16% de ces jeunes sont très à risque: ils sont plus exposés qu'une personne qui travaille dans une usine chaque jour. C'est très inquiétant.»

Comment les sensibiliser à un comportement qui n'a pas d'impact immédiat? «On leur donne une idée du vieillissement précoce qu'il font subir à leur oreille», relate l'audiologiste. Il leur annonce que certains d'entre eux auront à 25 ans les oreilles d'un homme de 50 ou 60 ans. «Ça signifie qu'ils seront alors probablement dans la fourchette de la population qui aura besoin de prothèses auditives.»

Les fabricants voient venir la vague. Sur leur site internet, certaines de leurs prothèses sont présentées dans des couleurs vives - les mêmes, en fait, que les lecteurs MP3: bleu, violet ou rouge métallisés...

«C'est devenu un produit de consommation, observe France Lacombe, de l'Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec. Les compagnies ajustent leur campagne de marketing. Dans leurs publicités, on voit des personnes de plus en plus jeunes, de jeunes hommes qui font du sport, des femmes de 30 ans au travail.»

REMBOURSEMENT PAR LES ASSUREURS?

Dans certains cas, les assurances de l'employeur rembourseront le coût d'un appareil auditif prescrit. Règle générale, toutefois, leur programme n'est pas plus généreux que celui du gouvernement. Un exemple: un assureur accepte pour les aides auditives des dépenses d'un maximumde 850$ par période de trois ans. Elles seront remboursées à un taux de 80%, soit 680$.

L'assuré devra donc débourser 170$... dans la mesure où l'appareil ne coûte pas plus de 850$. C'est environ la valeur des appareils et honoraires couverts par le programme de la RAMQ. Par contre, l'employé assuré a le choix de son appareil et peut opter pour un modèle plus coûteux, à charge de couvrir la différence.

Rappelons que les appareils auditifs, y compris les piles et les réparations, sont admissibles aux crédits d'impôt pour frais médicaux.