Les mauvais rendements boursiers et la baisse des taux d'intérêt sur les obligations canadiennes à long terme ont fait mal aux caisses de retraite, au premier trimestre.

Les mauvais rendements boursiers et la baisse des taux d'intérêt sur les obligations canadiennes à long terme ont fait mal aux caisses de retraite, au premier trimestre.

Le repli du huard contre la plupart des autres monnaies aura cependant permis de limiter la saignée de l'actif.

Un portefeuille équilibré, composé à 55% d'actions et à 45% de titres à revenus fixes, a produit un rendement indiciel négatif de 0,95%, entre le 1er janvier et le 31 mars.

La gestion active a pu ajouter ou retrancher de la valeur cependant, tandis que la rémunération des gestionnaires ampute le rendement de quelques dizaines de points de pourcentage. On saura dans une semaine environ où se situe rendement médian, celui des quartiles le plus et le moins performant.

Les taux d'intérêt sur les obligations canadiennes à long terme sont passés de 4,18% à 3,96% au cours du trimestre. Cela a pour effet de gonfler le passif, c'est-à-dire, la valeur des engagements pris par un régime de retraite envers ses participants.

«Le degré médian de solvabilité est passé de 94% à 89%, note Claude Lockhead, vice-président principal de Groupe-conseil Aon. Près de quatre régimes sur cinq accusent encore un déficit de solvabilité.»

Un régime est solvable quand la valeur de son actif égale ou excède celle de son passif. Un déficit de solvabilité mesuré par une évaluation actuarielle doit être comblé dans les cinq ans qui suivent par des cotisations supplémentaires du promoteur du régime.

«Heureusement, on fait rarement des évaluations en date du 31 mars», fait remarquer Jean Bergeron, conseiller principal chez Morneau Sobeco.

Les obligations canadiennes sont extrêmement recherchées par les investisseurs en raison de leur faible niveau de risque. En vertu de la loi de l'offre et de la demande, plus on en veut, plus elles coûtent cher. Plus elles sont chères et plus faible est leur rendement.

Les caisses de retraite sont donc une autre victime de la crise du crédit qui secoue les marchés financiers depuis la mi-août.

La firme Mercer a créé un indice de solvabilité des régimes de retraite qui évolue en fonction des rendements des grands indices de référence et de l'évolution des taux d'intérêt obligataires.

Lancé à 100 en 1999, il cotait 77 le 31 mars, «son niveau le plus bas», note Paul Foresttell, responsable du Groupe professionnel en régimes de retraite chez Mercer. Le 31 décembre, il cotait 82.

Taux d'intérêt

Une baisse des taux d'intérêt touche plus dramatiquement encore les régimes de retraite que le rendement de son actif.

On estime en général qu'un recul d'un point de pourcentage des taux obligataires équivaut à amputer au moins 10 points de rendement.

Compte tenu du rendement négatif au premier trimestre, «les régimes de retraite se sont trouvés pris en étau», explique M. Forestell.

Les bons du Trésor ont contribué 1,23%. Les obligations canadiennes ont le mieux fait de tous les véhicules de placement avec un rendement de 2,95%, selon l'indice DEX Univers. Rappelons que le rendement des obligations évolue en sens inverse de leurs taux d'intérêt.

L'indice S&P/TSX a reculé de 2,84% durant le trimestre. Il s'agit néanmoins d'un des indices les plus performants cet hiver.

Ainsi, le S&P500, référence de la santé des marchés américains, a abandonné 9,44%. Grâce au repli du dollar canadien, la perte a été contenue à 5,85%.

L'indice de Morgan Stanley, qui mesure la performance des parquets européens, asiatiques et d'Extrême-Orient, s'est quant à lui corrigé de 14,88% en devises locales, de 8,82% lorsque converti en dollars américains et de 5,21% seulement exprimé en dollars canadiens.

«En assumant une répartition moyenne de 30% des placements à l'étranger pour les caisses de retraite, le recul du dollar canadien a eu un effet positif d'environ 2% sur les rendements des caisses de retraite qui ne couvrent par le risque de change», estime M. Lockhead.

Par chance, c'est la majorité.