L'économie mondiale a besoin d'un arbitre pour surveiller les politiques monétaires des pays du globe, a plaidé mardi à Montréal le directeur exécutif du Forum économique mondial de Davos, Richard Samans. Et c'est le Fonds monétaire international qui devrait jouer ce rôle.

L'économie mondiale a besoin d'un arbitre pour surveiller les politiques monétaires des pays du globe, a plaidé mardi à Montréal le directeur exécutif du Forum économique mondial de Davos, Richard Samans. Et c'est le Fonds monétaire international qui devrait jouer ce rôle.

«C'est une chose de voir le prix des actions fluctuer. Tout le monde devient nerveux quand il regarde son portefeuille et constate d'énormes changements, mais ça reste du papier», a dit mardi M. Samans.

«C'est une tout autre histoire de voir d'immenses fluctuations dans les taux de change, a-t-il continué. Parce ce que ce qui se trouve là-dessous, c'est le gagne-pain des travailleurs dans les industries.»

Ses propos rejoindront certainement les travailleurs canadiens qui ont perdu leur emploi à cause de la hausse spectaculaire du dollar canadien.

«Laisser les taux d'échange fluctuer de façon sauvage ou permettre qu'ils soient désalignés de façon importante à long terme revient à dire qu'on est confortable avec l'idée que la compétitivité des emplois de ceux qui gagnent leur vie à produire des biens et des services peut changer radicalement en l'espace de quelques mois ou quelques années.»

De telles affirmations font écho aux inquiétudes qu'ont manifestées récemment la Banque centrale européenne et la Banque du Japon devant les importantes fluctuations des taux de change.

Pour M. Samans, l'arbitre en question est tout désigné. «Le Fonds monétaire international est la seule solution viable», a-t-il tranché mardi.

Humaniser le commerce

Cette idée fait partie d'une série de mesures présentées hier par M. Samans pour «humaniser le commerce» et «mettre le libre marché au profit du progrès social».

Parmi les autres: des entreprises qui s'impliquent socialement et des filets sociaux qui redistribuent la richesse.

«Les entreprises ont des actifs, des équipements, de l'expertise qui peuvent permettre de régler des problèmes. Choisissez un ou deux atouts () et essayez de faire une différence» a-t-il lancé aux gens d'affaires qui écoutaient son allocution prononcée à l'invitation du Conseil des relations internationales de Montréal.

Pour M. Samans, il est temps d'abandonner la pensée magique qui veut que le seul fait de signer des accords de libre-échange soit suffisant pour faire grimper le niveau de vie des citoyens.

«C'est un peu la religion, la théocratie de l'économie moderne (). La foi dans ce modèle est si forte que le sentiment est qu'on n'a pas besoin de stratégie pour améliorer les conditions de vie des gens. Le modèle va s'en charger par lui-même.»

Il incite plutôt à coordonner les politiques commerciales, monétaires et d'aide internationale au sein d'une même stratégie plutôt que de les élaborer sans tenir compte des effets de l'une sur l'autre.

«Dans cette vision, l'aide internationale n'est plus seulement un exercice de charité ou une question morale, dit-il. C'est une façon de construire un chemin vers une nouvelle classe moyenne qui produira des consommateurs. Ça devient vraiment un élément stratégique de l'équation.»

M. Samans, qui a déjà conseillé le président Clinton, a admis hier qu'en plus de porter le chapeau de directeur exécutif du Forum économique mondial de Davos, il a présenté mardi des idées développées au sein d'un think-tank de Washington «non partisan, mais fondamentalement près des Démocrates» auquel il contribue.