Sans une participation aux séries éliminatoires qui commencent jeudi, le Canadien de Montréal n'aurait pas fait de profits cette année.

Sans une participation aux séries éliminatoires qui commencent jeudi, le Canadien de Montréal n'aurait pas fait de profits cette année.

Au terme des 82 matchs de la saison régulière, l'équipe arrive à peine à couvrir ses dépenses, a affirmé le président Pierre Boivin à La Presse Affaires au cours d'une entrevue accordée samedi dernier avant la victoire de son équipe contre les Maple Leafs de Toronto.

Les séries éliminatoires permettront toutefois au Canadien d'améliorer son sort. «Avec le dollar canadien, le plafond salarial et l'engouement autour du hockey, du Canadien et des séries, l'équipe fait des profits», confirme Pierre Boivin.

Combien le Canadien prévoit-il empocher à chaque match éliminatoire disputé au Centre Bell? «Nous ne discutons jamais de questions financières», répond Pierre Boivin.

Selon nos calculs, le Canadien générerait des profits de 2 M$ US par match éliminatoire disputé au Centre Bell. S'il gagne la Coupe Stanley, le Canadien pourrait générer jusqu'à 26 M$ US de profits.

Nos calculs sont basés sur les données financières des équipes de la LNH publiées en début de saison par le magazine Forbes.

S'il ne veut pas donner plus de détails sur ses états financiers, le Canadien réfute toutefois les chiffres de Forbes, qui a conclu que le Canadien avait empoché des profits de 25 M$ US l'an dernier sans participer aux séries.

«Les résultats de Forbes ne sont absolument pas fiables, dit Pierre Boivin. Forbes n'a accès à aucun chiffre des équipes de la LNH. Ce n'est pas de la spéculation, c'est plutôt de la fabrication basée sur toutes sortes de données qu'ils ramassent à droite et à gauche.»

Dans une note confidentielle distribuée à des acheteurs potentiels en 1999 et rendue publique le mois dernier, le Canadien évaluait ses revenus aux guichets à 1,3 million par match éliminatoire au Centre Bell.

En 2004, le président Pierre Boivin avait évalué à un million de dollars les profits d'un match éliminatoire au Centre Bell.

«Nous ne mettrons aucun chiffre à jour, a-t-il dit samedi dernier. On peut présumer que le chiffre actuel n'est pas inférieur (à un million par match), mais il faut faire attention. Depuis la dernière convention collective, une portion importante des revenus de billets en séries revient à la Ligue. Ce n'est plus le même modèle économique qu'il y a quatre ans.»

Selon des sources dignes de confiance, le Canadien devra donner 25% de ses revenus aux guichets pendant les séries à la LNH en vertu du système de partage de revenus instauré après le lock-out de 2004-2005.

Selon nos calculs, la taxe imposée par la LNH équivaut pour le Canadien à des pertes de revenus de 500 000 $ US par match éliminatoire disputé au Centre Bell. La Ligue redistribue ses revenus aux équipes les moins fortunées du circuit Bettman.

Malgré la taxe de la LNH, la marge de profit du Canadien augmente considérablement en séries puisque l'équipe n'a plus à payer les salaires des joueurs.

Ceux-ci constituent environ 55% de ses dépenses annuelles, selon Forbes. Le Canadien a aussi haussé le prix de ses billets de 60% par rapport à ses matchs réguliers et de 30% par rapport à ses matchs «premium», généralement les matchs les plus courus de la saison régulière.

Selon plusieurs experts, les estimations de La Presse Affaires sont prudentes, d'autant plus qu'elles ne tiennent pas compte de la hausse du prix des publicités au Centre Bell durant les séries.

«Le monde de la publicité est basé sur l'auditoire. Au hockey, l'auditoire est plus grand en séries. On peut logiquement penser que le prix d'une publicité va augmenter durant les séries. Il pourrait même augmenter à chaque ronde si le Canadien fait plus d'une ronde», dit Pierre-Emmanuel Paradis, économiste principal à Groupe d'analyse, une firme de conseils en économie.

Même son de cloche du côté de Jean Gosselin, vice-président en marketing sportif à la firme de relations publiques National.

«C'est une question d'offre et de demande, dit-il. C'est tout à fait légitime pour le Canadien de vendre sa publicité plus chère en séries car elle a une valeur ajoutée. En langage sportif, on appelle ça profiter du momentum.»

Le Canadien n'a pas voulu confirmer ni infirmer le chiffre de 2 millions de profits par match éliminatoire disputé au Centre Bell.

Au cours de l'entrevue qu'il a accordée à La Presse Affaires, le président Pierre Boivin n'a mentionné qu'un seul chiffre: 10 M$.

Il s'agit de la somme déboursée par le Canadien cette saison en vertu du système de partage des revenus. «Nous sommes la deuxième équipe qui contribue le plus au système de partage des revenus, a-t-il dit. On l'oublie souvent, ce chiffre-là.»

Selon Forbes, le Canadien, qui vaut 283 millions US, est au 4e rang des équipes les plus riches de la LNH, derrière les Maple Leafs de Toronto (413 M$ US), les Rangers de New York (365 M$ US) et les Red Wings de Detroit (293 M$ US).

Jouer pour l'honneur

À partir de jeudi soir, les joueurs du Canadien se battront pour la Coupe Stanley, pour l'honneur, pour leurs partisans, mais certainement pas pour l'argent. C'est que les joueurs de la LNH ne sont pas payés durant les séries éliminatoires.

Ils reçoivent plutôt une prime selon le résultat de leur équipe. L'association des joueurs, qui gère ce programme de 6,5 millions, n'a pas encore établi le montant des primes. Elle devrait le faire d'ici deux semaines.

L'an dernier, chaque membre des Ducks d'Anaheim, qui ont gagné la Coupe Stanley, a reçu 75 000 $ US.

Les joueurs des Sénateurs d'Ottawa, qui ont perdu en finale contre les Ducks, ont obtenu 45 000$ chacun, tandis que les joueurs dont l'équipe a perdu en première ronde se sont contentés de 5000$.

De la petite monnaie pour les vedettes du circuit Bettman. À titre d'exemple, le plus haut salarié du Canadien, le défenseur Andrei Markov, gagne 213 000$ par semaine durant la saison régulière...