La crise du papier commercial hante la Banque Nationale (T.NA) dans le milieu boursier de Bay Street, qui craint d'autres pertes spéciales en surplus des 575 M$ inscrits à ses résultats de fin d'exercice 2007.

La crise du papier commercial hante la Banque Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]] dans le milieu boursier de Bay Street, qui craint d'autres pertes spéciales en surplus des 575 M$ inscrits à ses résultats de fin d'exercice 2007.

Encore mercredi, lors d'une présentation pour analystes tenue par la Nationale à Toronto, son président et chef de la direction, Louis Vachon, et ses adjoints ont dû multiplier les propos rassurants à des questions insistantes sur cette crise.

Des analystes ont par ailleur exprimé des doutes sur la qualité même de la gestion de risque de la Banque Nationale.

«Seriez-vous prêts à vous soumettre à une révision externe et indépendante de votre gestion de risque?» a demandé une analyste.

«Ce n'est pas nécessaire parce que nous révisons nos procédés de façon continue, et encore plus après les récents événements des marchés financiers», a répondu Patricia Curadeau-Grou, vice-présidente principale à la trésorerie et à la gestion de risque de la Nationale.

Un autre analyste, s'adressant au président par son prénom, a demandé: «Louis, votre banque est la seule parmi les grandes banques qui ne divulgue pas les détails de son risque relié aux produits dérivés du crédit. Pourriez-vous y remédier dans vos prochains résultats?»

Peut-être, ont répondu les dirigeants de la Nationale, un peu mal à l'aise.

La suite de cette requête sera très surveillée le 28 février prochain dans le milieu boursier, lors des résultats du premier trimestre et l'assemblée d'actionnaires de la banque, à Montréal.

Mais dans l'immédiat, les propos rassurants des dirigeants de la Nationale ont semblé d'un effet bien limité.

Au fil de leur présentation à Toronto, suivie de près par les agences d'informations boursières, les actions de la banque ont reculé de 2,5%. Elles se sont redressées un peu ensuite, terminant en baisse de 1,6%, à 49,28$.

C'est mieux que le prix plancher en clôture de 45,15$ atteint le 21 janvier, mais encore inférieur de 23% à la cote de 64$ l'action d'il y a un an.

«Nous ferons tout ce qui est possible pour combler notre écart de valeur boursière par rapport à nos pairs», a promis Louis Vachon devant les financiers torontois.

En entretien avec La Presse Affaires, le président de la Nationale a voulu qualifier les doutes des investisseurs boursiers.

«Faut regarder ça à long terme. Depuis 15 ans, c'est notre premier épisode difficile, contrairement à certains concurrents qui en ont connu plusieurs. Nous avons géré la crise du papier commercial de façon proactive, sans essayer de cacher des affaires. Nous avons bougé rapidement pour gérer la crise, au lieu de laisser la crise nous gérer.»

«Nos gestes rapides ont pu donner l'impression que nous étions les seuls aux prises avec la tempête. Mais depuis, on constate que des concurrents et des semblables ailleurs dans le monde ont des problèmes comparables», a souligné M. Vachon.

«Cela dit, avec une perte de cette envergure (575 millions), penser que nous n'aurions pas de leçons à prendre serait très inquiétant de notre part.»

Des leçons

Devant les financiers torontois, les dirigeants de la Nationale ont admis deux manquements.

D'une part, «mettre une date d'expiration sur certains produits de placement financier (comme le papier commercial), au lieu de les ranger en tablettes une fois qu'ils ont été approuvés et distribués».

Autrement dit, pouvoir mieux réviser ces produits en cas de «dérangements de marchés» comme celui de la mi-août, sur le marché du crédit.

D'autre part, les dirigeants de la Nationale ont admis que la gestion de certains fonds de placement devrait mieux prévenir le risque de «choc systémique» affectant toute une catégorie d'actifs, au-delà des normes de diversification.