On se serait attendu à ce que les Péladeau perdent une fortune avec la déconfiture de Quebecor World (T.IQW), dont l'action en Bourse s'est aplatie comme une crêpe.

On se serait attendu à ce que les Péladeau perdent une fortune avec la déconfiture de Quebecor World [[|ticker sym='T.IQW'|]], dont l'action en Bourse s'est aplatie comme une crêpe.

Or, ce n'est absolument pas le cas. Voici pourquoi.

D'abord, il faut comprendre que Pierre Karl et Érik Péladeau détiennent directement très peu d'actions de Quebecor World. Ils sont surtout largement bénéficiaires des actions de la société mère, Quebecor inc [[|ticker sym='T.QBR.B'|]].

Pour savoir dans quelle mesure la crise de Quebecor World les affecte, il faut donc vérifier l'évolution du titre de Quebecor inc, qui contrôle la filiale d'imprimerie.

Depuis le début de la crise, le 31 octobre, l'action de Quebecor inc. est passée de 41$ à 36,74$, soit un recul de 10,3%. Cette chute est beaucoup moindre que celle de Quebecor World, qui a plongé de 80% durant la même période (de 9,20$ à 1,80$ mardi).

Que signifient ces variations de Quebecor inc. pour la fortune des Péladeau?

En mars dernier, les deux frères détenaient environ 17,6 millions d'actions de Quebecor inc., à titre personnel ou par l'entremise de la Fiducie Péladeau, dont ils sont les bénéficiaires.

L'information est tirée de la circulaire de direction de l'entreprise. Il s'agit d'actions de catégorie A et B, dont la valeur mardi oscillait entre 36,74$ et 39,86$.

Autrement dit, mardi, la fortune des Péladeau pouvait être estimée à quelque 700 millions de dollars. Il s'agit d'un recul d'environ 10,3% par rapport à la fin octobre, soit une perte sur papier de 80 millions de dollars.

Ces 80 millions peuvent paraître énormes pour le commun des mortels, mais pour les Péladeau, cette somme est relativement modeste.

Depuis trois ans, le titre de Quebecor inc. est passé de quelque 26$ à 36,74$, soit un bond de 41%. Autrement dit, durant cette période, leur fortune a explosé de 287 millions de dollars, pour atteindre 700 millions mardi.

Qu'est-ce qui explique une telle croissance? C'est que, durant ces trois ans, l'autre grand secteur de Quebecor inc., les médias, a progressé de façon remarquable, compensant le recul de Quebecor World.

Quebecor Media regroupe une série de journaux, dont le Journal de Montréal et le Toronto Sun. La division chapeaute également le réseau TVA et le Groupe Archambault et elle s'est récemment portée acquéreur de Osprey Media, qui publie des journaux spécialisés au Canada anglais.

Mais c'est essentiellement grâce à Vidéotron que Quebecor Media - et donc Quebecor inc. - a fait belle figure ces dernières années. Il y a trois ans, Vidéotron n'offrait pas la téléphonie. Or, depuis, son nombre total d'abonnés s'est multiplié.

En 2004, le secteur de la câblodistribution de l'entreprise réalisait des revenus de 870 millions de dollars. Cette année, le même secteur, qui englobe la téléphonie, vogue vers des revenus de 1,5 milliard.

Cela dit, plus le cours de l'action de Quebecor World s'affaiblit, moins l'impact sur Quebecor inc. et sur la fortune des Péladeau est grand.

Mardi, les actions que la société mère détenait dans Quebecor World avait une valeur 84 millions de dollars.

Autrement dit, pour une action de Quebecor inc. qui vaut 36,74$, la valeur de Quebecor World n'équivaut plus qu'à 1,31$ par action, ce qui est relativement très peu.

Compte tenu des 17,6 millions d'actions de Quebecor inc. que détiennent les Péladeau, Pierre Karl et Érik n'ont désormais guère plus de 28 millions de dollars en jeu (17,6 millions d'actions X 1,31$) dans Quebecor World.