Les clubs de golf à accès public, qui paient une lourde facture d'impôt, critiquent sévèrement l'attitude des clubs privés et le laxisme du gouvernement.

Les clubs de golf à accès public, qui paient une lourde facture d'impôt, critiquent sévèrement l'attitude des clubs privés et le laxisme du gouvernement.

Le plus ardent critique est Réjean Beaudet, propriétaire avec ses enfants et sa conjointe de six terrains de golf à accès public.

«Les clubs privés sont des clubs de millionnaires, avantagés par la fiscalité. Moi, je dois payer mes impôts et mes taxes sur le capital et eux non. C'est inéquitable», dit M. Beaudet.

Le président du Groupe Beaudet s'indigne parce que les clubs privés, dont plusieurs sont sans but lucratif, organisent des tournois pour les non membres, desquels ils tirent de substantiels profits.

Cette pratique fait une concurrence déloyale aux autres clubs, qui doivent payer des impôts, affirme M. Beaudet, qui possède des terrains de golf à Lachute, à Mirabel, à Saint-Bruno et aux Îles Boucherville, notamment.

«Les clubs privés font de plus en plus de tournois et les profits qu'ils en tirent affectent le restant de l'industrie. S'il s'agissait d'un tournoi ou deux par année, on ne ferait pas un drame. Mais là, ça n'a plus de bon sens», dit M. Beaudet, qui a contacté La Presse pour dénoncer la situation.

Il y a quelques années, le problème ne se posait pas. Les clubs privés avaient une longue liste d'attente et les tournois de non-membres n'étaient pas indispensables pour boucler les fins de mois. Les choses ont bien changé, explique Jacques Landry, directeur général de l'Association des terrains de golf du Québec.

«L'industrie vit des années difficiles parce qu'il s'est construit beaucoup de terrains de golf depuis 15 ans, mais l'achalandage est demeuré à peu près le même. Aujourd'hui, les clubs privés n'ont plus de liste d'attente, au contraire. Alors, ils se tournent vers d'autres sources de revenus, comme les tournois extérieurs», dit-il.

Le sujet est délicat pour M. Landry, puisque l'Association représente tous les types de membres, privés ou publics. Il ne veut pas créer de bisbille, mais se dit sympathique à la cause des clubs à accès publics.

Au Québec, seule la moitié des 362 terrains de golf sont rentables, une fois l'amortissement du terrain pris en compte, indique une étude de la chaire de tourisme de l'UQAM. Les clubs à accès publics sont beaucoup plus endettés que les clubs privés, soit l'équivalent de 37% de leurs immobilisations contre 14% pour les golfs privés.

Réjean Beaudet estime que le Québec compte une centaine de terrains de golf de trop. Michel Noël, copropriétaire de terrains dans la région de Québec, tient un discours semblable à celui de Réjean Beaudet.

«Chaque club privé accueille entre 15 à 25 tournois extérieurs par année, mais ils ne paient pas d'impôts. Ce n'est pas juste. Je suis prêt à vivre avec les règles, à la condition que tous les respectent», dit-il.

Un autre propriétaire, Raymond Carpentier, s'en fait moins avec la concurrence des clubs privés. Bon an mal an, son club Le Grand Portneuf attire 125 tournois. Il juge tout de même que les choses ne tournent pas rond.

«C'est au ministère du Revenu à faire son travail. Et j'ai l'impression qu'ils ne le font pas», dit-il.