Shermag (T.SMG) envisage de transférer plus de la moitié de sa production de meubles en Asie, une décision précipitée par le récent rebond du dollar canadien.

Shermag [[|ticker sym='T.SMG'|]] envisage de transférer plus de la moitié de sa production de meubles en Asie, une décision précipitée par le récent rebond du dollar canadien.

Il s'agit de tout un revirement pour l'ancien fleuron du meuble québécois, qui a annoncé hier des ventes en baisse de 29% pour le quatrième trimestre.

En 2003, Shermag employait 2300 personnes et fabriquait presque tous ses meubles au Québec et au Nouveau-Brunswick.

Le groupe a depuis réduit ses effectifs de moitié et empoche désormais 36% de ses revenus grâce à des meubles importés de Chine et de Malaisie. Une proportion qui grimpera à 45% d'ici la fin de l'année, puis à 50%. Et peut-être plus.

«On a toujours dit qu'on visait 50%, mais les nouvelles hausses du dollar rendent les installations canadiennes encore moins concurrentielles», a indiqué à La Presse Affaires Jeff Casselman, président et chef de la direction.

Shermag est «en réflexion» quant à l'importance des contrats qui seront confiés à ses sous-traitants asiatiques, a confié le dirigeant. «Ça peut être plus que 50%.»

Anthony Zicha, analyste chez Scotia Capitaux, n'est pas surpris de voir Shermag songer à transférer une plus grande partie de sa production hors du Canada. «Ça fait longtemps que la concurrence américaine a entrepris cette démarche. Leur réaction est tardive.

Shermag a décidé de conserver la fabrication de meubles personnalisés -dont on peut choisir la couleur, le tissu, etc.- au pays, tandis que la production «de masse» prendra de plus en plus le chemin du continent asiatique.

Selon Anthony Zicha, il s'agit de trouver une «juste balance» entre ce qui peut être fabriqué ici et là-bas. Mais il serait suicidaire de transférer toute la production en Asie, ajoute-t-il.

«Tu ne peux pas avoir 90% de ta production en Chine, a fait valoir l'analyste. Si tu as des problèmes là-bas, si les coûts de transport augmentent, il faut se garder une base à domicile.»

Shermag n'a pas encore terminé sa réflexion. Mais la consolidation devra sans doute se poursuivre au Canada, a averti jeudi l'entreprise de Sherbrooke.

Il pourrait y avoir de nouvelles fermetures et d'autres licenciements. Depuis 2005, le groupe est passé de 16 à neuf usines.

Résultats en baisse

Au quatrième trimestre, Shermag a vu son chiffre d'affaires fondre de 28,7%, à 34,1 millions de dollars. La perte nette a elle aussi diminué, passant de 22,7 millions l'an dernier à 4,1 millions.

Jeff Casselman explique cette baisse marquée des revenus par le fléchissement du marché du meuble aux États-Unis, combiné à la baisse de valeur de la devise américaine.

Aussi, pour perdre moins d'argent, Shermag a augmenté le prix de ses meubles de 5 à 15% depuis un an aux États-Unis, ce qui explique en partie la chute des ventes.

En entrevue, le grand patron a tenu à défendre cette stratégie d'augmentation des prix, disant que les meubles fabriqués au Canada offraient une «plus-value» puisqu'ils peuvent être personnalisés.

Par ailleurs, Jeff Casselman ne craint pas que les importations grandissantes d'Asie éloignent les consommateurs qui voudraient «acheter québécois» en choisissant des meubles de Shermag.

«Regardez Wal-Mart, c'est toujours plein, a-t-il dit. Malgré ça, nos La Baie, nos Sears Canada, nos Ailes de la mode ont tous de la misère. Donc, les gens qui veulent encourager, quand ils voient la différence de prix, ce n'est pas facile. Ce n'est pas 10$, c'est le double, pour le même produit.»

«Les meubles importés d'Asie par Shermag sont de bonne qualité et continuent à viser le créneau moyen à haut de gamme», a affirmé M. Casselman.

Clarke confiant

Malgré ses résultats décevants, Shermag semble toujours avoir l'appui de son principal actionnaire, la firme d'investissement néo-écossaise Clarke. Celle-ci a augmenté sa participation à près de 20% en octobre dernier, en achetant plus de 1 million d'actions de Shermag.

«On voit des occasions de croissance là, on veut identifier comment maximiser le potentiel de la compagnie, a dit Rob Normandeau, directeur de l'exploitation chez Clarke. Nous n'aurions pas fait cet investissement si nous n'avions pas vu de possibilité d'y faire un gain.»

Le titre de Shermag a clôturé la journée à 1,84$, en hausse de 3,37%. Il y a cinq ans, le titre valait près de 14$. Pour l'ensemble de l'exercice, le chiffre d'affaires de Shermag a atteint 166 millions, en baisse de 16,5%.

La perte nette a été de 17,4 millions (1,30$ par action), comparativement à 30,6 millions l'an dernier.