Denis Sauvé, de Brossard, et son groupe d'amis musiciens amateurs ont trouvé une façon originale de concilier passion et compassion.

Denis Sauvé, de Brossard, et son groupe d'amis musiciens amateurs ont trouvé une façon originale de concilier passion et compassion.

Il y a trois ans, ils ont décidé de se produire en spectacle dans des salles communautaires et de verser les profits de la vente de billets à des organismes de charité. Ce qui au départ ne devait être qu'une petite soirée amicale est devenue une mini machine à récolter des fonds.

Depuis 2004, plus de 10 000 $ ont en effet été amassés et remis à des organismes de bienfaisance, dont Centraide. Et plus de 30 bénévoles gravitent désormais autour du groupe. Parents, amis, enfants, nièces, neveux, cousins, cousines et le succès de cette aventure a eu un effet d'entraînement sur tout un réseau socio-familial, où chacun apporte sa contribution.

«C'est formidable!» dit fièrement Denis, 50 ans, cadre à la Ville de Montréal, qui se transforme en batteur déchaîné les fins de semaine.

Le 11 novembre dernier, près de 300 personnes se sont entassées dans le sous-sol de l'Église Notre-Dame-de-Lourdes, à Verdun, pour écouter cette bande de joyeux " Mononcles " comme ils se prénomment jouer de vieux succès rock. L'événement a permis de recueillir 3000 $, qui serviront à réparer le toit de l'église.

Comment recueillir des dons ? Et surtout, comment se démarquer ? " Il faut être créatif car la concurrence entre les organismes de bienfaisance est féroce ", dit Gil Desautels, vice-président principal chez KCI, un cabinet d'experts-conseil en levée de fonds.

En 2004, les Canadiens ont versé près de 9 milliards de dollars en dons et consacré 2 milliards d'heures à l'action bénévole, selon l'organisme Imagine Canada. Mais avec la prolifération des organisations en quête de fonds il y en aurait plus de 161 000 au Canada ! , convaincre les donateurs sollicités de toutes parts est de plus en plus difficile. " C'est devenu un business! " dit Gil Desautels.

Il est toutefois possible d'obtenir de bons résultats, même pour un petit organisme, estime Ronald Montminy, président et associé principal chez Montminy, Bédard & Associés, un cabinet de Montréal spécialisé en levée de fonds. " Avec un plan, de la détermination et un réseau de bénévoles dévoués, rien n'est impossible ", dit-il.

Car en ce domaine, toutes les causes sont nobles, du moment qu'on y croit.

Quinze conseils

Vous cherchez des fonds pour une cause qui vous tient à coeur? Vous ne savez pas comment vous y prendre pour convaincre des donateurs? Ne paniquez pas! Des spécialistes vous expliquent comment faire et gratuitement.

1. Demandez! Ça peut vous paraître évident, mais bien des organismes de bienfaisance hésitent à le faire, dit Ken Wyman, auteur de sept livres sur le sujet, consultant depuis une trentaine d'années, et professeur pour le programme de campaagnee de souscription au Humber College, de Toronto. "Beaucoup de gens sont gênés et ne veulent pas passer pour des quêteurs", dit-il. Or, c'est simple, si vous ne demandez pas, vous ne recevrez pas!

2. Comment demandez. Les chiffres ne trompent pas: 99% des requêtes formulées par lettre se retrouvent à la poubelle. Et les gens détestent se faire déranger au téléphone. Conclusion: la meilleure façon d'obtenir des résultats est de tenir des rencontres individuelles. "Face à face, les gens sont plus enclins à donner et à donner plus", dit Ken Wyman.

3. Demandez aux bonnes personnes. Au Canada, 21% des donateurs sont à l'origine de 82% de la valeur totale des dons, estime Imagine Canada. Ce qui veut dire que vous devriez passer plus de temps à courtiser les personnes généreuses, que de courir après celles qui ne donneront rien. Attention, prévient toutefois Ken Wyman: "Les personnes généreuses ne sont pas nécessairement les plus riches."

4. Trouvez le bon leader. Les gens donnent aux gens, pas aux organismes, dit Ronald Montminy, de Montminy, Bédard & Associés. Il vous faut donc trouver le bon leader ou porte-parole jouissant d'un réseau d'influence important et qui n'hésitera pas à donner de son temps pour solliciter ses contacts. C'est une question de confiance, dit Ken Wyman. "On donne aux gens que l'on respecte et qui ont une bonne réputation."

5. Le bon moment. Il y a des moments dans la vie où les gens se sentent plus généreux. Ce n'est pas facile à savoir, mais si vous êtes en mesure de déterminer le meilleur moment pour les approcher, vous maximiserez vos chances, soutient Ken Wyman. Par exemple, dit-il, une dirigeante d'une société inscrite en Bourse lui a déjà confié qu'elle se sentait plus généreuse lorsque les actions de son entreprise étaient à la hausse!

6. Ciblez votre marché. C'est primordial, dit Gil Desautels, de KIC. Vous devez approcher votre campagne de souscription comme si vous aviez à promouvoir un produit, c'est-à-dire en concentrant vos efforts sur votre marché cible. Ainsi, inutile de chercher à convaincre des donateurs éloignés si vous êtes un petit organisme de quartier. Approchez plutôt les gens de votre secteur. Vous augmenterez vos chances de frapper dans le mille.

7. Vendez un projet pas une cause. Les donateurs aiment sentir que leur contribution fera une différence. C'est pourquoi ils préfèrent aider des projets précis plutôt qu'une cause vague ou un organisme, dit Ronald Montminy. Par exemple, ils préféreront financer une bourse d'étude ou une chaire que de simplement faire un don à une université.

8. Soyez précis! Vous devez expliquer avec précision à quoi serviront les sommes recueillies. Mais vous devez surtout simplifier l'information, de manière à la rendre accessible et compréhensible. Par exemple, demander des dons pour financer des appareils médicaux, n'est pas assez précis, dit Ronald Montminy. Une meilleure approche serait d'expliquer que les fonds serviront à acquérir de l'équipement pour traiter le cancer ou autres maladies.

9. Intéressez-vous aux gens avant leurs dollars. Pour obtenir du succès, solliciter les gens une fois par année n'est pas suffisant, estime Gil Desautels. Car la collecte de fonds est une course de longue durée. Il faut donc entretenir les relations tout au long de l'année, en informant régulièrement les donateurs et, si possible, en essayant de les impliquer dans le projet. En agissant ainsi, non seulement vous obtiendrez de meilleurs résultats, mais vous aurez moins d'efforts à faire lors de vos prochaines campagnes, lorsque vous aurez à les solliciter de nouveau, soutient Denis Fortin, président de l'Association des professionnels en gestion philanthropique, et directeur du service des ressources bénévoles à la Croix Rouge.

10. Persévérez! Dans le même ordre d'idée, la persévérance est le mot-clé dans toute campagne de souscription, souligne Denis Fortin. Un donateur peut vous dire non une première fois, mais si vous persévérez, il pourrait très bien vous dire oui la deuxième ou la troisième fois. "Les gens sont plus sensibles lorsqu'ils voient qu'il y a de la récurrence dans la sollicitation, dit-il. Ils ont l'impression que le projet est vraiment sérieux."

11. Diversifiez vos sources. Organiser un gala pour récolter des fonds, c'est bien. Mais si vous ne comptez que sur ce seul événement pour votre campagne, vous prenez un grand risque. "Il ne faut pas mettre tous ses Sufs dans le même panier", dit Gil Desautels. L'idéal est donc de diversifier à la fois vos méthodes (événements, rencontres, sollicitation, etc.) et vos sources de financement (entreprises, fondations, particuliers, etc.). Cela dit, il ne faut pas non plus vous éparpillez dans trop de projets que vous ne serez pas capables de mener à bon port, soutient Denis Fortin. Choisissez donc deux ou trois projets, et assurez-vous de les mener à terme.

12. Facilitez-leur la vie. Permettez aux gens de faire des dons facilement. Par exemple, un site Web permettant d'effectuer des dons en ligne est une excellente idée, soutient Ken Wyman. Vous n'avez pas de site? Passez alors par celui de Canada Helps (www.canadahelps.org). Une fois votre organisme inscrit en ligne, vos donateurs pourront effectuer leurs dons par Internet. Et Canada Helps vous remettra 97% des sommes recueillies. Une autre idée est de permettre à vos donateurs d'effectuer leurs dons par versements mensuels. Bien des gens n'ont pas les moyens de donner 100$ tout de suite, mais seraient contents de verser 10$ par mois dans un programme qui se renouvelle automatiquement tous les ans.

13. Embauchez un consultant. Au Canada, il est interdit de rémunérer une personne à commission pour faire une campagne de souscription. Si vous êtes une petite organisation, vous n'avez donc probablement pas les moyens de vous adjoindre un spécialiste. Mais rien ne vous empêche d'embaucher quelqu'un à temps partiel, ou encore un étudiant. Au Collège Humber, soutient Ken Wyman, plusieurs étudiants bilingues seraient ravis de faire un stage chez vous l'été prochain!

14. Soyez transparent. Maintenez une gestion financière efficace et transparente. En tout temps, vous devriez être capable de démontrer que les fonds sont bien utilisés et de dire quelle proportion sert à payer les frais de fonctionnement.

15. Dites merci convenablement. Pas besoin de grandes fioritures pour dire merci à un donateur. Dites-le simplement, en respectant ses valeurs et les vôtres, mais dites-le!