Réagissant aux craintes pour l'avenir du secteur manufacturier en raison de la vigueur du dollar canadien, le gouvernement du Québec arrive avec une roue de secours de 620 M$ sur 5 ans.

Réagissant aux craintes pour l'avenir du secteur manufacturier en raison de la vigueur du dollar canadien, le gouvernement du Québec arrive avec une roue de secours de 620 M$ sur 5 ans.

Le premier ministre Jean Charest et son ministre du Développement économique, Raymond Bachand, ont annoncé une aide de ce montant vendredi matin pour l'industrie.

Les mesures comprennent 178 M$ au niveau fiscal et 442,6 M$ en choix budgétaires. L'argent neuf s'élève à 256 M$.

Le gouvernement bonifie le crédit de taxe sur le capital de 30 M$ et accroît les liquidités des entreprises en 2008 pour 500 M$. Il augmente la capacité d'intervention des fonds fiscalisés de 28 M$.

Une aide de 15 M$ est accordée aux projets d'entreprises dans les régions les plus touchées.

Et parmi les autres mesures, Québec débloque 51 M$ pour que les compagnies aient accès aux conseils d'équipes d'experts en productivité, au réseau d'investisseurs Anges Québec ainsi qu'à des mentors.

Enfin, le gouvernement mettra en place un conseil des manufacturiers qui sera coprésidé par Raymond Bachand et par Pierre Racine, qui était jusqu'à récemment président et chef de l'exploitation de Rolls Royce Canada.

Jean Charest a rappelé que le succès économique de la province passe en partie par les exportations vers les États-Unis, le monde manufacturier représentant 19% de notre économie. «Le Québec, le Canada, c'est un petit marché. Notre avenir dépend d'abord de marchés ouverts.»

«Face à une compétition accrue et à un environnement économique changeant à grande vitesse, ajoute-t-il, nous avons la responsabilité d'intensifier notre action pour soutenir ce secteur. Ce plan vient appuyer les entreprises immédiatement, tout en leur proposant une stratégie de croissance et de modernisation fondée sur une perspective d'avenir.»

Le premier ministre a profité de l'occasion pour lancer un message à Ottawa. «Le gouvernement fédéral doit consacrer une partie de ses surplus à une aide immédiate pour faciliter l'adaptation des entreprises à la hausse rapide du dollar. Il doit donner suite à ses engagements».

Et un coup de pouce fédéral ?

Le fédéral n'exclut pas de réagir à son tour. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a dit vendredi matin dans un discours devant la Chambre de commerce d'Ottawa qu'il songe à inclure une aide aux fabricants canadiens dans son budget au début de 2008.

Le ministre a reconnu l'impact du dollar canadien sur le secteur, ce qui est une «parfaite tempête» pour l'industrie automobile.

En ce qui a trait à une réaction aux taux de change, M. Flaherty s'est contenté de dire «nous verrons». Mais il a estimé qu'il ne fallait pas s'attendre à un retour au niveau de 62 cents US pour le huard.

Du «réchauffé» quand même apprécié

René Roy, secrétaire général de la Fédération des travailleurs du Québec, semblait modérément satisfait de ce qui a été annoncé.

«Bien qu'il résulte largement d'un collage de mesures existantes quelque peu réchauffées et bonifiées, le plan annoncé ce matin par le gouvernement Charest mérite d'être salué, notamment au chapitre du développement durable et de l'environnement», a dit M. Roy.

La centrale syndicale croit toutefois que Québec n'a pas fait un exercice rigoureux pour poser un diagnostic de la situation.

«Nous avons toujours réclamé des mesures ciblées, dit M. Roy. Les besoins ou les solutions ne sont certainement pas les mêmes dans le textile et l'aéronautique. Mais si on n'établit pas de diagnostic, comment peut-on administrer le bon remède, les bons objectifs, avec la vision d'un développement optimal dans un créneau spécifique ?»

Jean-Luc Trahan, PDG des Manufacturiers et exportateurs du Québec, a salué ce qu'il qualifie de mesures concrètes. Il a invité les entreprises à faire leur part.

«Les entreprises manufacturières doivent relever les défis de la mondialisation, dit M. Trahan, Pour ce faire, elles doivent devenir des manufacturiers de classe mondiale qui innovent pour produire des biens à haute valeur ajoutée, développent de nouveaux marchés, affichent des taux de productivités supérieurs, demeurent agiles pour s'ajuster continuellement à la concurrence et qui progressent sans cesse dans la chaîne de valeur.»

Du côté du Conseil du patronat du Québec, on se réjouit des 178 M$ en mesures fiscales.

«En réduisant ainsi le taux effectif d'imposition, le gouvernement permettra aux entreprises d'investir davantage dans la formation, la modernisation de leur équipement et l'accroissement de leur productivité, leur permettant ainsi de demeurer compétitives», a déclaré Michel Kelly-Gagnon, président du CPQ.