La baisse continue du dollar américain met en danger la survie d'Airbus, a averti son patron, Thomas Enders, qui brandit la menace de nouvelles économies pour l'avionneur européen, alors que les dirigeants allemands s'inquiètent eux aussi de la force de l'euro.

La baisse continue du dollar américain met en danger la survie d'Airbus, a averti son patron, Thomas Enders, qui brandit la menace de nouvelles économies pour l'avionneur européen, alors que les dirigeants allemands s'inquiètent eux aussi de la force de l'euro.

«Nous devons revoir notre modèle industriel. Tel qu'il est, il n'est plus assez résistant», a déclaré M. Enders, lors d'une réunion des comités d'entreprises d'Airbus à Hambourg, jeudi.

Le groupe produit en majeure partie en Europe, avec des coûts de production libellés en euro, mais vend en dollars -- la monnaie de référence pour les transactions dans le secteur -- ce qui entraîne un effet de change très défavorable.

«Il s'agit de mesures radicales», a insisté M. Enders, indiquant que tous les postes de dépenses devaient être passés en revue.

Airbus, qui a enclenché un vaste programme de restructuration baptisé Power8 le 28 février dernier sur la base d'un euro pour 1,35 $, se trouve le couteau sous la gorge avec la monnaie unique proche vendredi du seuil psychologique de 1,50 $.

Sur la sellette notamment, les dépenses recherches et développement, auxquelles Airbus consacre environ 2 milliards d'euros par an.

Selon une porte-parole d'Airbus, M. Enders a indiqué qu'il ne savait pas s'il pouvait maintenir ce niveau.

Les propos de M. Enders ont fait monter au créneau le puissant syndicat allemand de la métallurgie, IG Metall, qui n'a pas exclu des actions de protestation.

«Si nous pensons que nous devons agir, nous le ferons», a déclaré une responsable syndicale, Jutta Blaukau, au quotidien de Hambourg, Hamburger Abendblatt paru vendredi.

Power8 prévoit déjà 10 000 suppressions d'emplois en quatre ans dont la moitié chez les sous-traitants, ainsi que la vente ou la cession de 6 à 7 sites visant à partager les investissements et les risques avec les partenaires.

Selon le quotidien allemand Sddeutsche Zeitung paru vendredi, la vente de ces usines serait compromise par la flambée de l'euro pesant sur la rentabilité du groupe.

Informations toutefois qualifiées de «spéculations» par Airbus. «Le processus suit son cours», a déclaré une porte-parole à Toulouse.

De source syndicale française, le choix des repreneurs, qui initialement devait avoir lieu en juillet dernier mais a ensuite été repoussé à plusieurs reprises, ne devrait pas être fait avant la fin de l'année, comme le laissait encore entendre la direction récemment.

Le discours de l'Allemand Thomas Enders en Allemagne, pays qui traditionnellement défend farouchement l'indépendance de la Banque Centrale Européenne, est un signal aux gouvernements des pays fondateurs de l'avionneur.

«L'alerte de M. Enders n'est pas neutre. Il faut qu'il y ait un front commun de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Nicolas Sarkozy contre la BCE. C'est une sonnette d'alarme», a estimé Françoise Vallin, du syndicat français CGC de Airbus.

Il vient en écho aux propos tenus par le président exécutif du groupe européen d'aéronautique et de défense EADS, maison mère d'Airbus, Louis Gallois, qui affirmait récemment dans le quotidien français la Tribune: «l'Europe doit se réveiller» et dire dans toutes les instances internationales que .

Des appels, déjà entendus depuis longtemps à Paris, mais qui commencent à faire leur chemin à Berlin: fait rare, Mme Merkel a reconnu jeudi que l'euro fort était un handicap également pour l'Allemagne, jugeant qu'il posait «naturellement problème».