Muriel Deparis jette des coups d'oeil nerveux à sa montre tandis qu'elle farfouille parmi des porte-vêtements croulant sous des robes dans un magasin H&M bondé, au centre de Paris, pendant son heure de dîner.

Muriel Deparis jette des coups d'oeil nerveux à sa montre tandis qu'elle farfouille parmi des porte-vêtements croulant sous des robes dans un magasin H&M bondé, au centre de Paris, pendant son heure de dîner.

«J'adorerais venir ici le dimanche», avoue la femme de 43 ans, mère de deux enfants, qui travaille comme commis à la Bourse de Paris. «Ça me faciliterait tellement les choses», ajoute-t-elle.

Pour l'instant, c'est impossible. Une loi française qui date de 1906 oblige la plupart des détaillants qui n'offrent pas de produits alimentaires, des magasins de vêtements Benetton jusqu'aux grands magasins Printemps, à fermer leurs portes le jour du Seigneur.

Le président Nicolas Sarkozy souhaite changer cet état de choses tandis qu'il tente de stimuler les dépenses de consommation et de remplir sa promesse de moderniser la France. Un projet de loi en ce sens doit être présenté au Parlement au début de l'année qui vient.

Point de vue des syndicats

De leur côté, les syndicats et le Parti socialiste, qui forme l'opposition, s'opposent à ce qu'ils appellent du «consommateurisme à outrance».

Ils soutiennent que les dimanches devraient être consacrés aux loisirs, à la prière et à la famille. Les propriétaires de petits magasins craignent pour leur part de perdre des affaires au profit des chaînes internationales.

«Ça va tuer de petits détaillants, comme moi, qui n'ont pas le personnel pour demeurer ouverts», lance Laurent Vaisberg, qui vend des sacs à main de designers dans une galerie marchande du XIXe siècle entre l'Opéra de Paris et le musée du Louvre.

«Paris deviendra laid et triste, ajoute-t-il. On ne verra que des Gap et des Zara.»

Le président Sarkozy, 52 ans, bénéficie du soutien des employés de magasins qui veulent augmenter leurs revenus en travaillant davantage et des consommateurs qui rêvent d'une plus grande souplesse dans les heures d'ouverture.

Les trois quarts des Parisiens et 56% de tous les Français accueilleraient volontiers la possibilité de magasiner le dimanche, selon un sondage réalisé en juillet 2006 auprès de 950 personnes par IFOP.

«Je n'hésiterais certainement pas à travailler le dimanche de temps en temps», explique Ivana Antic, qui vend des sacs à main La Bagagerie aux Galeries Lafayette, sur le boulevard Haussmann, à Paris.

«C'est une bonne façon de gagner plus d'argent», dit-elle.

M. Sarkozy a besoin de cette mesure pour stimuler une économie qui, selon des analystes, accusera du retard en 2008 sur la moyenne des 13 pays de la zone euro, ce qui serait le cas pour la troisième année de suite.

La Commission européenne prévoit pour la France une croissance du produit intérieur brut de 2% l'an prochain comparativement à 2,2% pour la zone euro.