Au moment où l'indice de la Bourse de Toronto touche les 14 000 points, la Financière Banque Nationale n'a guère le choix: elle révise à la hausse sa cible de 11200 points présentée en début d'année.

Au moment où l'indice de la Bourse de Toronto touche les 14 000 points, la Financière Banque Nationale n'a guère le choix: elle révise à la hausse sa cible de 11200 points présentée en début d'année.

«C'est le risque de faire des prédictions audacieuses, admet le stratège Clément Gignac. Il y a des années où les cuvées sont meilleures que d'autres.»

Même s'il augmente sa prévision de 1600 points à 12800 d'ici 12 mois, sa cible demeure inférieure (de 1200 points) au cours actuel du marché.

«Je garde mon biais pessimiste, précise celui qui est également économiste en chef. Je reste sceptique dans la possibilité de voir la Bourse canadienne maintenir une croissance aussi rapide.»

Depuis janvier 2005, le spécialiste prône une approche défensive face au marché boursier canadien. À l'époque, il avait abaissé ses attentes à 8600 points pour l'année.

Au cours des 28 mois suivants, l'indice S&P/TSX a plutôt bondi de 60%.

Pour l'année à venir, M. Gignac s'attend à une baisse du marché de 7 à 10%. «Pour la suite, on verra», ajoute-t-il.

Deux facteurs inquiètent particulièrement le stratège: la poussée spéculative du prix des métaux et la croissance débridée de la Chine.

«Une partie de la hausse des métaux s'explique par les transactions des fonds d'arbitrage (hedge funds), dit-il. Quelle est la part du fondamental pour justifier toute cette activité ? Quelle est le pourcentage d'air dans le ballon?»

Il rappelle que le marché fera face à «l'heure de vérité» quand les spéculateurs décideront de vendre leurs positions à la suite d'un resserrement des conditions de crédit ou d'une diminution de la demande pour les ressources.

Sans compter, signale-t-il, que le consensus des observateurs s'attend à une baisse du prix des métaux.

Par exemple, on anticipe un prix moyen de 2,56 $US la livre de cuivre en 2008 par rapport au cours actuel de 3,64 $US.

C'est encore pire pour le nickel qui passerait de 24 $US la livre présentement à 12 $US en moyenne en 2008.

«Quand on sait que les matières premières (matériaux et énergie) comptent pour 45% de la Bourse de Toronto, il faut être prudent», rappelle Clément Gignac.

Par ailleurs, le stratège émet des doutes de voir la Chine, un grand acheteur de ressources, maintenir une croissance économique de plus de 10%.

«Devant des risques de surchauffe, les autorités chinoises pourraient prendre le taureau par les cornes, dit-il. Elles pourraient augmenter les taux d'intérêt ou laisser sa devise (le yuan) s'apprécier.»

Devant autant d'incertitudes, M. Gignac reste sur ses gardes.

«Je suis réticent à abandonner nos craintes pour la longévité de cette prétendue nouvelle ère des matières de base», affirme-t-il.

Toutefois, en raison de la frénésie actuelle de fusions et d'acquisitions autour des titres canadiens de ressources naturelles, il hésite à dire qu'un sommet de longue durée a été atteint.

Dans les prochaines semaines, les spécialistes de la Financière Banque Nationale se pencheront plus en détail sur la stratégie de placement.

Cela dit, la firme de courtage recommande toujours aux investisseurs de se tourner vers les titres défensifs.

On mise sur le secteur de la consommation courante, avec un titre comme celui de Metro (MRU.A).

Le secteur des télécoms est toujours dans la mire. Parmi les titres préférés, on retrouve Rogers Communications (RCI.B).

Du côté des assureurs, on s'intéresse à la Financière Manuvie (MFC).

Étant donné la résilience des économie de la Chine et de l'Inde, et de leurs impacts sur la demande des ressources naturelles, la zone de confort du courtier envers les producteurs de matières premières a augmenté même si le sentiment général envers ce secteur est encore négatif.

Par ailleurs, de l'autre côté de la frontière, on aime bien le secteur de la santé. À la Bourse américaine, on recommande l'action de la multinationale pharmaceutique Pfizer (PFE).