Si 2006 a été l'année du nickel, la palme revient cette fois-ci à l'uranium. Il trouve enfin grâce aux yeux des écologistes qui le perçoivent désormais comme une solution pour la réduction des gaz à effet de serre (GES).

Si 2006 a été l'année du nickel, la palme revient cette fois-ci à l'uranium. Il trouve enfin grâce aux yeux des écologistes qui le perçoivent désormais comme une solution pour la réduction des gaz à effet de serre (GES).

L'an dernier, le prix du métal radioactif avait bondi de près de 70%, soit moins du double des poussées du nickel et du cuivre. Cette année, en revanche, ses deux concurrents se replieront alors qu'il devrait encore s'apprécier de plus de 40%, prédisent Derek Burleton et Natasha Apollonova, économistes chez Groupe financier Banque TD.

En fait, seuls les prix de l'or et de l'uranium devraient continuer de grimper cette année, parmi les métaux. La correction que subiront les autres devrait rester modeste et s'atténuer même au second semestre quand le marché américain de l'habitation sera sorti de son présent marasme.

Les auteurs de la prévision rappellent que la Chine a l'intention de construire une vingtaine de réacteurs nucléaires au cours des prochaines années pour répondre à sa demande exponentielle d'électricité.

Fait intéressant, les spéculateurs ont fait leur apparition sur le marché. En décembre, un acheteur qui n'est ni producteur du métal gris ni même d'électricité a fait grimper les enchères jusqu'à un prix bien au-dessus du marché spot pour s'en procurer 360 000 onces.

L'inondation en octobre du chantier de la mine du lac Cigar en Saskatchewan retardera d'au moins deux ans son entrée en production, a laissé savoir Cameco, son exploitant. La publication d'un rapport sur l'état du chantier, prévue à la fin du mois, vient d'être reportée à mars, ce qui nourrit les inquiétudes. Une fois en exploitation, la mine du lac Cigar devrait assurer 10% de la production mondiale.

Tout cela milite pour que le prix de la livre d'uranium s'échange aux environs de 90$US à la fin de l'année comparativement à 61,50$US à la fin de 2006.

Le prix du métal jaune grimpe depuis cinq ans maintenant, mais les perspectives restent brillantes, assurent les auteurs. Dans un effort de diversification, plusieurs banques d'Asie ont fait part de leur volonté d'empiler des lingots plutôt que d'accumuler des titres de dette américains. Beaucoup d'investisseurs se montrent aussi intéressés d'acquérir des parts dans des fonds aurifères. Cela va stimuler la demande et porter le prix de l'once d'or dans une fourchette de 650 à 675$US.

Pour tous les autres métaux, la correction amorcée à l'automne va se poursuivre en début d'année, suivie d'une certaine remontée des cours en deuxième moitié d'année.

Le nickel, une composante essentielle de tout bon acier, souffrira du repli de la construction aux États-Unis, tout comme le cuivre. Le marasme de l'industrie automobile nord-américaine l'affectera davantage, comme l'aluminium.

Le nickel a bénéficié d'une poussée exceptionnelle, à la faveur de la croissance mondiale et d'inquiétudes des marchés aujourd'hui dissipées. Par exemple, le risque d'une grève chez Xtrata à Sudbury paraît dissipé.

En énergie, les gains devraient être modestes. Les économistes voient le prix du baril de brut à 65$US, celui du million de BTU (British Thermal Units) de gaz naturel grimper jusqu'à 8$ tandis que la livre de charbon pourra gagner 25 cents, à 2,50$US. Le raffermissement du prix du gaz exigera d'importantes rationalisations de la production dans l'Ouest canadien, préviennent toutefois les auteurs.

Du côté forestier, les nombreuses fermetures de scieries vont permettre un certain raffermissement des prix du bois d'oeuvre, mais les prix futurs de la pâte et du papier journal vont de nouveau faiblir.

Enfin en agriculture, les producteurs de céréales et d'oléagineuses devraient se tirer d'affaires, si Dame Nature ne se montre pas trop capricieuse. La concurrence accrue de la Chine et de l'Inde sur le marché du blé libère des terres pour la production de maïs et de colza (canola), deux plantes de plus en plus recherchées pour la production d'éthanol, le carburant de l'avenir.

Les éleveurs de porcs se feront moins de sang de cochon puisque la chair porcine est très appréciée des Asiatiques qui mangent de plus en plus de viande. Or, précisent les auteurs, «le prix élevé du grain freine la production animalière. L'importation de viande coûte moins chère que celle de céréales.»