L'aventure de Norsk Hydro au Québec a coûté une véritable petite fortune aux contribuables québécois. Depuis son implantation au Québec, en 1989, la multinationale norvégienne a ainsi touché près de 250 millions $ en aides financières de toutes sortes, révèlent des données compilées par Le Soleil.

L'aventure de Norsk Hydro au Québec a coûté une véritable petite fortune aux contribuables québécois. Depuis son implantation au Québec, en 1989, la multinationale norvégienne a ainsi touché près de 250 millions $ en aides financières de toutes sortes, révèlent des données compilées par Le Soleil.

Hier, personne au ministère du Développement économique n'avait une idée précise des montants des subventions consentis au géant mondial des métaux.

Des aides financières ont pris au fil des ans la forme de paiements d'intérêt sur des prêts et des rabais liés à la facture d'électricité de l'usine dont la consommation s'élève à 150 mégawattheures (MWh).

Chez Hydro-Québec, personne n'a non plus été en mesure de fournir des données précises. "Les incitatifs faisaient partie d'un programme de rabais tarifaires", se souvient Richard Aubry, directeur des ventes aux grandes entreprises.

Il faut dire que la venue de Norsk Hydro au milieu des années 1980 au Québec a fait couler beaucoup d'encre. À l'époque, le gouvernement libéral de Robert Bourassa - qui avait 5000 mégawatts en surplus à offrir - avait déroulé le tapis rouge en signant un important contrat dit à "partage de risque" entre la société norvégienne et Hydro-Québec. Une entente qui a été par la suite contestée devant les tribunaux par des industriels américains.

Les clauses de ce contrat, gardées secrètes pendant des années, font état de rabais d'électricité estimés entre 1989 et 1993 à 50 millions $. Une somme calculée à partir du contrat qu'Hydro-Québec et Norsk Hydro avaient finalement rendu public en 1991, à la suite d'une épineuse saga juridique.

Le montant de 50 millions $ de rabais correspond en fait à une aide qui s'est élevée à plus de 12 millions $, consentis sous forme de rabais de 60 % du tarif payé par les entreprises énergivores - le tarif "L" - pour les années 1988 à 1990. De 1991 à 1993, Norsk Hydro a par la suite pu bénéficier de rabais respectifs de 50, 35 et 25 % sur le tarif "L".

Entre 1994 et 2001, la société norvégienne a continué de bénéficier du tarif "L" d'Hydro-Québec, toutefois indexé selon une formule tenant compte du cours du magnésium. Selon nos calculs, les différents rabais consentis à Norsk Hydro durant cette période se sont élevés à au moins 60 millions $.

Depuis 2002, la société norvégienne dit ne plus avoir d'entente particulière genre "partage de risque" avec Hydro-Québec. Elle est donc soumise au tarif "L". Un tarif qui lui permet cependant de payer le kilowattheure 3,7 ¢ au lieu de 6 ¢ comme le fait la majorité des consommateurs québécois.

Encore là, des économies substantielles sont réalisées. Annuellement, le tarif "L" permet à Norsk Hydro d'épargner un peu plus de 25 millions $ sur sa facture annuelle d'électricité à son usine de Bécancour. De 2002 à 2006, le montant de ces "rabais" s'élève à près de 100 millions $.

Un autre 37,8 millions $

À cette aide peu ordinaire consentie par Hydro-Québec, il faut évidemment ajouter celle d'Investissement Québec. Le bras financier du gouvernement du Québec a pour sa part fourni une subvention de 37,8 millions $ à Norsk Hydro visant à payer les intérêts d'un prêt de 505 millions $ pour la construction de l'usine de Bécancour.

Hier, chez Investissement Québec, on soutenait que la société norvégienne avait respecté toutes les clauses de l'entente intervenue entre les deux parties.

"Ils n'ont pas de sommes dues chez nous", a précisé la porte-parole Josée Béland.

Du côté de Norsk Hydro, on estime avoir également rempli toutes les conditions des ententes conclues avec le gouvernement du Québec.

"On ne doit de l'argent à personne", a fait valoir Daniel Roy, le pdg de l'usine de Bécancour.

Ce dernier reconnaît toutefois que les aides faites par le gouvernement québécois pour attirer Norsk Hydro au Québec ont été alléchantes. "C'était des ententes intéressantes", a-t-il laissé entendre.

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