Les producteurs agricoles du Québec sont de plus en plus tentés par l'aventure énergétique, en l'occurrence les biocarburants.

Les producteurs agricoles du Québec sont de plus en plus tentés par l'aventure énergétique, en l'occurrence les biocarburants.

Le secrétaire d'Etat à l'Agriculture, Christian Paradis, était de passage à la maison de l'Union des producteurs agricoles, mardi à Longueuil, afin d'annoncer une aide financière totalisant près de 1 M$ pour 12 projets de production de biocarburant.

Ces projets comportent plusieurs approches pour fabriquer des biocarburants à partir de sources multiples d'approvisionnement.

Le plus important, piloté par la Fédération des producteurs de bovins, vise la construction d'une usine de transformation des sous-produits d'abattage et d'animaux morts en biocarburants.

D'autres projets sont axés sur des microproductions à la ferme. Certains chercheront à déterminer la faisabilité de produire de l'éthanol à partir de saules, de légumes ou de betteraves à sucre, d'autres visent la production de biodiesel tiré de diverses sources, notamment les plantes oléagineuses telles que le soja ou le canola.

La plupart des projets en sont présentement au stade embryonnaire et les subventions serviront notamment à des études de faisabilité et de marché. Certains, toutefois, sont plus avancés, tel celui de la Fédération des producteurs de bovins qui utilisera l'argent fédéral pour le développement des phases d'ingénierie de son usine projetée.

M. Paradis a fait valoir que le gouvernement Harper a prévu une enveloppe de 1,5 milliard $ afin de répondre à l'appel lorsque les projets deviendront réalité.

Mais avant de puiser dans cette enveloppe pour la mise en place d'usines de transformation, M. Paradis a indiqué que le programme annoncé mardi vise à aider les producteurs à «tester leur idée, à avoir du soutien technique» et à évaluer les possibilités de mise en marché.

«Cette petite enveloppe est faite pour des projets entre 10 000 $ et 50 000 $. Ca peut permettre de faire un bout de chemin pour les petits projets», a dit le secrétaire d'Etat à l'Agriculture.

Le président de l'UPA, Laurent Pellerin, a indiqué que les pouvoirs publics seront certainement sollicités au départ, mais que les sommes seraient insuffisantes pour la réalisation de certains projets. Il a ajouté que des investisseurs privés se sont déjà montrés intéressés à certaines initiatives et que les producteurs eux-mêmes pourraient participer.

M. Pellerin a cependant profité de l'occasion pour réclamer que les programmes fédéraux, présentement axés sur le transport, s'appliquent également à l'exploitation agricole. Il a fait valoir que certains producteurs pourraient se pencher sur une production destinée à assurer une autosuffisance énergétique sur la ferme, à tout le moins partielle.

Par ailleurs, M. Pellerin a reconnu que l'évolution des recherches dans le domaine pourrait mener à une compétition entre la sécurité énergétique et alimentaire, mais il a qualifié de «bonne nouvelle» pour les producteurs l'émergence d'un marché plus rentable. «L'utilisation alimentaire dans plusieurs domaines pour les céréales n'a pas été payante pour les producteurs au cours des dernières années, a-t-il dit. Le retour (à la production alimentaire) est toujours possible. Les champs sont là. Les cultures sont là.»

M. Paradis, pour sa part, a dit croire que le développement de biocarburants avec d'autres sources que celles habituellement destinées au secteur agroalimentaire, notamment les résidus de bois ou d'abattage, permettrait d'annuler à terme un effet de détournement des activités agricoles vers la production énergétique.

«Sur le long terme, on veut élargir notre créneau pour traiter d'autres produits qui ne touchent pas nécessairement la chaîne alimentaire», a dit M. Paradis.