Le coût des contrats de vente d'électricité à tarifs préférentiels conclus par Hydro-Québec avec les alumineries, qui devait s'amenuiser avec le temps, continue au contraire de s'alourdir.

Le coût des contrats de vente d'électricité à tarifs préférentiels conclus par Hydro-Québec avec les alumineries, qui devait s'amenuiser avec le temps, continue au contraire de s'alourdir.

Ce coût atteindra 151,9 M$ en 2007, selon les prévisions d'Hydro elle-même.

Ces contrats, dont les termes sont restés top secret, ont été conclus au début des année 80 lorsque Hydro disposait de gros surplus d'électricité. Très bas au début, les tarifs consentis aux alumineries devaient augmenter graduellement pour rejoindre le tarif industriel régulier d'Hydro-Québec, le tarif L.

Ce n'est pas ce qui se produit. Le coût de ces contrats pour Hydro, soit la différence entre ce qu'ils rapportent et le tarif L, a été de 27,7 millions l'an dernier, en baisse comparativement à un manque à gagner de 94,3 millions en 2005. Mais cette année, le manque à gagner sera de 151,9 millions, prévoit Hydro, presque six fois plus élevé.

Ces chiffres font partie des informations qu'Hydro-Québec Distribution doit fournir à la Régie de l'énergie pour justifier ses hausses de tarifs. Comme les tarifs consentis aux alumineries sont plus bas que ses tarifs réguliers, Hydro-Québec Distribution se fait rembourser la différence par Hydro-Québec Production, qui ramasse la facture en réduisant ses profits d'autant.

Les revenus des neuf contrats secrets varient selon différents facteurs, dont le prix de l'aluminium sur le marché international.

L'an dernier, le prix du métal blanc a atteint des niveaux record, à plus de 3000 $US la tonne, ce qui explique que le manque à gagner ait été réduit à 27,7 millions pour Hydro.

En 2007, le prix de l'aluminium est moins élevé mais surtout, le tarif régulier d'électricité consenti aux grandes entreprises est aussi plus élevé, ce qui explique l'augmentation du manque à gagner pour Hydro.

Les ententes d'une durée de 20 ans avec les alumineries sont ajustées tous les six ans. Depuis la dernière révision, en 2003, le tarif L a augmenté à cinq reprises. Il est actuellement de 4,26 cents le kilowattheure et grimpera à 4,36 cents le kilowattheure le 1er avril prochain. Par comparaison, le tarif résidentiel est actuellement de 6,6 cents le kilowattheure et passera à 6,68 cents le kilowattheure dans deux semaines.

Les alumineries et des autres entreprises énergivores paient un tarif beaucoup plus bas, soit entre 3 et 4 cents le kilowattheure, d'où le manque à gagner pour Hydro-Québec.

Selon le porte-parole de l'Association de l'aluminium du Canada, Christian Van Houtte, Hydro-Québec fait quand même de l'argent avec les contrats secrets, puisque son coût moyen de production est de 1,9 cent. L'industrie de l'aluminium donne de l'emploi à 8500 personnes, surtout en région, fait valoir l'industrie.

Les contrats secrets prendront fin entre 2014 et 2017. Le gouvernement a conclu d'autres ententes avec des alumineries, mais sur la base du tarif L, qui n'inclut en principe aucune forme de subvention.

Ce n'est pas tout à fait vrai, selon Jean-Thomas Bernard, professeur à l'Université Laval et spécialiste des questions énergétiques. Le tarif L consenti pour l'agrandissement de l'aluminerie de Sept-Îles en 2002 et celui accordé à Alcan pour sa future usine pilote à Alma sont assortis de la garantie qu'ils n'augmenteront pas plus que le taux d'inflation pendant 20 ou 30 ans.

C'est un avantage important pour les alumineries compte tenu que les tarifs d'électricité augmentent maintenant chaque année à un rythme plus rapide que l'inflation.

Pour Jean-Thomas Bernard, ce tarif L modulé à la baisse constitue encore un cadeau pour les alumineries, puisque la production d'électricité coûte de plus en plus cher. Les projets de centrales d'Hydro-Québec ont un coût de revient de 10 cents le kilowattheure. Hydro a aussi acheté de l'énergie éolienne à 8,3 cents le kilowattheure, rappelle-t-il.

Le projet d'Alcan à Alma coûtera 2 milliards à l'entreprise, mais la contribution gouvernementale atteint 3,2 milliards sur 30 ans, a estimé le professeur Bernard avec son collègue Gérard Bélanger.