L'arrivée des modèles 2007 chez les concessionnaires jumelée au raffermissement des prix de l'essence et du gaz naturel aura quelque peu stimulé les prix du panier de provisions de biens et de services et redonné de l'aplomb à la monnaie canadienne.

L'arrivée des modèles 2007 chez les concessionnaires jumelée au raffermissement des prix de l'essence et du gaz naturel aura quelque peu stimulé les prix du panier de provisions de biens et de services et redonné de l'aplomb à la monnaie canadienne.

Le huard a gagné tout près d'un tiers de cent hier contre le billet vert et terminé la séance à 86,72 cents US. Les cambistes jugent désormais moins certaine et surtout moins prochaine une baisse du taux directeur de la Banque du Canada, fixé à 4,25% depuis le printemps après sept hausses de 25 centièmes d'affilée.

Par rapport à octobre, l'indice des prix à la consommation a progressé de 0,2% en novembre pour atteindre 1,4% depuis un an. Au Québec, l'avancée annuelle est toutefois contenue à 1%, a fait savoir hier Statistique Canada.

Bien que ces chiffres paraissent faibles, ils témoignent d'un léger retour des pressions sur les prix. En septembre et en octobre, le rythme annuel d'inflation était inférieur à 1%, limite inférieure de la fourchette de 1% à 3% à l'intérieur de laquelle la Banque du Canada souhaite voir évoluer les prix.

En excluant les huit éléments les plus volatiles comme les aliments, l'énergie fossile ou les intérêts hypothécaires ainsi que les variations des impôts indirects comme la TPS, l'indice d'inflation de référence (IPCX) de la Banque du Canada a avancé de 0,3% entre octobre et novembre, portant sa progression annuelle à 2,2%. "C'est le troisième mois d'affilée que l'inflation de référence dépasse la barre des 2% alors qu'il était en deçà auparavant depuis décembre 2003, fait remarquer Ted Carmichael, économiste chez JP Morgan. Nous nous attendons qu'il atteigne les 2,5% d'ici six mois."

Pour la première fois aussi depuis des mois, le prix des biens a progressé plus vite que celui des services: 0,4% par rapport à 0,1%. En rythme annuel toutefois, le prix de l'ensemble des biens qui forme le panier de provision recule encore de 0,3% alors que l'ensemble des services progresse de 3%.

"L'indice de référence continue de dépasser la cible de 2% de la Banque du Canada, cela écarte toute baisse des taux d'intérêt à court terme", note Sal Guatieri, économiste principal chez BMO Groupe financier.

La hausse aurait pu être plus élevée encore si les constructeurs d'autos s'étaient montrés aussi gourmands que l'an dernier. Devant le marasme de leur industrie, ils ont limité à 1,8% l'augmentation moyenne des prix de leurs nouveaux modèles, alors qu'ils n'avaient pas hésité à exiger 4,2% de plus, l'an dernier. L'agence fédérale incorpore le prix des nouveaux modèles aux chiffres d'inflation de novembre.

"Les pressions inflationnistes demeurent un peu plus fortes que ce à quoi on s'attendait, note Carolyn Kwan, économiste à Scotia Capitaux. Les gains anémiques de productivité affichés récemment n'ont pas aidé."

Le repli du huard face aux autres devises cet automne, malgré sa bonne tenue hier, devrait continuer d'exercer des pressions sur les prix des marchandises dont le Canada est friand importateur. En novembre, sa dépréciation a été attisée par la décision fédérale de mettre fin au congé fiscal des fiducies de revenus. Les détenteurs étrangers de ces titres les ont largués. "Ils en ont vendu pour plus de cinq milliards durant le mois, note François Barrière, vice-président au change à la Banque Laurentienne. Les Canadiens sont aussi aller diversifier leurs actifs pour un autre 6,8 milliards."

L'IPCX est dopé en bonne partie depuis un an par le coût de remplacement par les propriétaires qui mesure à la fois l'évolution des prix de l'immobilier résidentiel et des matériaux de construction. Depuis un an, il a grimpé de 8,2%, propulsé par la flambée albertaine de 45,2%.

Fait nouveau en novembre cependant, les intérêts hypothécaires montent de 4,7% depuis un an, un sommet depuis mars 2001. C'est le résultat du resserrement monétaire mené par la banque centrale durant l'hiver et le printemps. Pour la première fois en trois ans, souligne l'agence fédérale, le coût des intérêts contribue à l'inflation.