"En 1971, il y avait au Québec huit travailleurs pour un retraité. Aujourd'hui, il y a cinq travailleurs pour un retraité. Et si les tendances se maintiennent, en 2030 il y aura deux travailleurs pour chaque retraité... Si vous trouvez que vous payez beaucoup d'impôts, imaginez vos enfants dans 25 ans!"

"En 1971, il y avait au Québec huit travailleurs pour un retraité. Aujourd'hui, il y a cinq travailleurs pour un retraité. Et si les tendances se maintiennent, en 2030 il y aura deux travailleurs pour chaque retraité... Si vous trouvez que vous payez beaucoup d'impôts, imaginez vos enfants dans 25 ans!"

L'ex-ministre péquiste Joseph Facal, aujourd'hui chroniqueur et professeur invité à l'école des Hautes études commerciales, reprenait mardi ainsi le signal d'alarme du Manifeste pour un Québec lucide.

Ce document d'une dizaine de pages était cosigné il y a un peu plus d'un an par des gens de diverses couleurs politiques, mais portait aussi la signature de l'ex-premier ministre Lucien Bouchard.

Accompagné du chroniqueur et économiste de formation Alain Dubuc, M. Facal s'adressait à une cinquantaine de personnes réunies en déjeuner-conférence à Sherbrooke par Les Éditions de la Fondation de l'entrepreneurship.

Problèmes et solutions

Outre le déclin démographique, M. Facal identifie comme autre grande difficulté pour le Québec la concurrence mondiale (avec des salaires plus faibles) qui s'accentue et qui menace notre industrie manufacturière.

Ajoutez à cela l'endettement élevé du gouvernement du Québec, des acquis sociaux à préserver en santé et en éducation, un filet de sécurité à maintenir pour les démunis, une fiscalité devenue plus lourde pour les entreprises, puis un taux de chômage plus élevé que la moyenne canadienne ("68 000 emplois manufacturiers perdus depuis 2002").

En somme, l'avenir prévisible du Québec, c'est moins de revenus pour l'État, plus de dépenses, des gens endettés, et pas de bas de laine pour y faire face.

Quelles sont donc les solutions?

M. Facal propose quatre priorités d'action pour les Québécois: viser une société plus prospère en créant plus de richesse; s'assurer que la richesse est correctement répartie; se soucier de l'équité entre les générations; et renforcer notre identité culturelle.

Parmi les moyens de développer cette richesse, il propose une hausse accrue des tarifs d'Hydro-Québec, pour avoir des fonds à consacrer ailleurs dans l'économie québécoise, un peu comme l'Alberta s'est développée avec son pétrole.

"Il me semble que c'est l'avantage des petites sociétés que de pouvoir bouger plus vite", insiste-t-il. Au sujet des pouvoirs dont ne dispose pas le Québec pour faire seul les lois qui le concernent et utiliser les impôts en fonction de ses besoins, il s'agit du "seul point de désaccord majeur, mais persistant, entre Alain (Dubuc) et moi", ajoute-t-il.

De son côté, Alain Dubuc fait ressortir qu'il faut "transformer les attitudes et les comportements au Québec".

Ce n'est pas vrai que tout va très bien au Québec, dit-il. "Le Québec sur le plan économique n'est pas très mauvais, sans être performant". Selon lui, le Québec est entré dans une phase de"satisfaction tranquille".

Aussi, M. Dubuc estime qu'il ne consacre pas assez d'argent à la santé, et qu'il n'est donc pas un si grand modèle de solidarité. Finalement, il croit que "la pensée magique" est trop présente en ce qui a trait à la croyance que "tout va se tasser tout seul".

"S'il y avait une priorité que l'État doit se donner, c'est l'éducation, plus que la santé", fait-il valoir. Il faut miser selon lui sur l'innovation, "oser faire ce qu'on dit, lâcher la culture des gras durs, renouer avec des mots comme excellence, compétition, succès, prospérité, entrepreneurship..."

Et il faut selon lui réévaluer entre autres l'universalité des programmes sociaux, comme les bas frais de scolarité à l'université et les bas tarifs des garderies qui avantagent les riches.