Le recentrage est peut-être terminé chez BCE (T.BCE), mais les problèmes sont loin d'être réglés.

Le recentrage est peut-être terminé chez BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]], mais les problèmes sont loin d'être réglés.

Voilà l'essentiel des commentaires des analystes financiers qui ont décortiqué hier la vente de la filiale Télésat de BCE pour 3,25 milliards $.

Il faut dire que le titre du géant des télécommunications a durement été éprouvé ces derniers mois à la Bourse de Toronto. Ses filiales principalement situées au Québec et en Ontario dans la téléphonie traditionnelle, l'Internet, le sans-fil et la télévision font l'objet d'une rude compétition. Conséquence : le chiffre d'affaires plafonne.

Pour s'en convaincre, les revenus de BCE n'ont d'ailleurs progressé au dernier trimestre que de 0,4 % comparativement à la même période l'an dernier. Cette année, au rythme où évoluent les choses, BCE pourrait ainsi dégager des revenus de 18 milliards $ tout en offrant un dividende de 1,46 $ par action.Mais est-ce assez pour acheter le titre ? "C'est toujours mieux qu'un rendement obligataire", répond poliment l'analyste Michel Tessier de la Banque Laurentienne.

La plupart des gestionnaires contactés par Le Soleil hier conviennent que pour l'heure, BCE devra bouger rapidement pour redevenir "attrayante" aux yeux des investisseurs. Comment ? "En réinvestissant dans son réseau de base pour gagner de nouvelles parts de marché ou en achetant des concurrents", explique le gestionnaire Christian Godin de chez Montrusco-Bolton.

Dans la mire, il y a Manitoba Telecom Services qui pourrait servir d'appât. Sauf que peu d'analystes semblent croire à ce scénario, du moins à court terme.

Dans le sans-fil, gardons à l'esprit que les gains ne permettent pas pour l'instant de compenser les pertes dans la téléphonie traditionnelle. Chemin faisant, les clients qui s'ajoutent sont moins rentables. Les coûts d'acquisition de la clientèle étant plus importants en raison des dépenses en marketing et en téléphones de toutes sortes subventionnés.

Dans le secteur de la téléphonie traditionnelle, BCE pourra dès février prochain répliquer rapidement aux offres de Vidéotron et de Rodgers qui lui ont grugé d'importantes parts de marché au cours des dernières années.

La semaine dernière, le CRTC a notamment autorisé BCE et Telus, qui n'avaient pas le droit de solliciter leurs anciens clients de téléphonie locale, durant une période de six mois suivant leur départ et ne pas offrir des tarifs préférentiels à certains types de clientèle, de pouvoir contre-attaquer sur-le-champ aux offres concurrentes. À cette action, BCE pourrait également être tentée d'investir dans la fibre optique, question de renforcée son réseau de fil cuivré. Ce qui lui permettrait d'augmenter l'offre de son service vidéo sur demande à ses abonnés résidentiels qui en redemandent.

Et puis, il y a aussi le rachat d'actions qui demeure un objectif de la haute direction. BCE pourrait ainsi racheter jusqu'à 5 % de ses 812 millions d'actions en circulation. La société devra également s'attarder à sa dette de BCE qui s'élève à 13 milliards $.

Toutes ses avenues, on l'imagine, laissent peu de place aux réjouissances. C'est pourquoi Christian Godin ne recommande pas l'achat de BCE. Il préfère plutôt dans ce secteur le titre de Telus. "Les perspectives de croissance me paraissent plus intéressantes", indique-t-il.

Même son de cloche chez Michel Tessier, qui préfère de son côté le titre de Rodgers à celui de BCE. Dans un horizon d'un an, il voit d'ailleurs le titre de l'empire de Ted Rodgers s'apprécier fortement, passant de 67,94 $ (hier) à un prix cible de 80 $.

L'analyste MacKay de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) n'est pas de cet avis. Sans recommander l'achat de BCE, il invite à conserver le titre. D'ici 12 mois, il fixe le cours cible de BCE à 34,50 $.

Quant à l'analyste Peter Rhamey des Marchés de capitaux de la Banque de Montréal, il pense que le titre offre des perspectives de revenus intéressantes à plus long terme. D'ici 12 mois, il voit toutefois l'action de BCE atteindre la cible de 32 $.