Même le directeur des finances de chez Jitec s'y est laissé prendre.

Même le directeur des finances de chez Jitec s'y est laissé prendre.

Julien Lewis a vraiment cru que la «transaction» de 105 M$ annoncée publiquement par le président et principal actionnaire de Jitec, Benoit Laliberté,en août 2000, était «un contrat ferme et signé». Au point qu'il s'est porté acquéreur de 2000 actions pour 12 000 $.

«La perception à l'interne (chez Jitec) était qu'un contrat avait été signé», a avancé M. Lewis, vendredi, en Cour du Québec.

«J'ai toujours ces 2000 actions, mais elles sont non transigeables», a-t-il dit alors qu'il témoignait au procès pénal de Benoît Laliberté. L'Autorité des marchés financiers (AMF) lui reproche d'avoir notamment fourni des informations fausses et trompeuses, dans deux communiqués de presse, quant à la nature des ententes intervenues entre Jitec et Canada Payphone (évaluée à 105 M$) et Jitec et Power Net (évaluée à 400M$).

Ces annonces avaient suscité beaucoup d'intérêt médiatique et entraîné une hausse importante du prix des actions de Jitec.

La suspension des activités boursières décrétée par la Bourse de Montréal exigeant que des clarifications soient apportées sur la nature des ententes signées par Jitec avaient cependant suscité de la crainte chez les détenteurs d'actions et fragilisé le titre.

La valeur de 105 M$ attribuée au premier gros contrat de Jitec depuis son entrée en Bourse n'avait pas manqué de susciter la curiosité du responsable financier Lewis et du vice-président des opérations Michel Brown. Ils ont senti le besoin de poser des questions à leur patron. Benoît Laliberté leur a dit que ses calculs le menaient à ce montant.

Pour ce qui est du second gros contrat, celui de 400 M$ avec Power Net, pour la mise en place de quatre centres d'informatique, M. Lewis a eu le mandat d'établir le budget de réalisation. «Nos études techniques nous ont permis d'évaluer le coût de réalisation de ce contrat à 8 M$ à 8,5 M$», a-t-il dit à la juge Céline Lacerte-Lamontagne.

M. Lewis qui a travaillé pendant trois ans chez Jitec, à compter de mai 2000, n'a pas pris la peine de saluer Benoît Laliberté quand il est passé à deux pas de lui dans la salle d'audience.