La Banque du Canada conviendra probablement de ne pas relever son taux directeur le mois prochain et pourrait même l'abaisser en cours d'année dans l'espoir de ne pas ébranler davantage les marchés, affirment certains économistes.

La Banque du Canada conviendra probablement de ne pas relever son taux directeur le mois prochain et pourrait même l'abaisser en cours d'année dans l'espoir de ne pas ébranler davantage les marchés, affirment certains économistes.

Neuf des 12 économistes sondés par Bloomberg les 15 et 16 août derniers croient que la banque annoncera le 5 septembre prochain le maintien de son taux à 4,5%; six prédisent que le taux restera inchangé jusqu'à la fin de l'année.

En juillet, une majorité d'économistes pariaient sur une augmentation d'un quart de point en septembre.

«La banque ne veut pas ajouter à la volatilité et à l'incertitude des marchés financiers», a expliqué Craig Alexander, économiste en chef adjoint de Groupe Financier Banque TD.

«L'inflation reste maîtrisée», a-t-il ajouté, de sorte que la banque centrale attendra probablement que «les marchés financiers se soient calmés» avant de redresser son taux directeur.

La crise du crédit hypothécaire a incité la Réserve fédérale américaine à annoncer hier une baisse inattendue de son taux d'escompte, ce qui pourrait amener la Banque du Canada à baisser les taux d'intérêt, après avoir relevé son taux directeur le mois dernier et laissé présager d'autres hausses.

Jeudi, ABN Amro Holding, Deutsche Bank AG et huit autres banques et gestionnaires de fonds ont convenu de convertir des effets de commerce adossés à des créances en billets à long terme afin de maintenir à flot ce marché de 40 milliards.

L'activité sur le marché des contrats à terme révèle que les investisseurs parient désormais sur un recul du taux d'intérêt d'ici la fin de l'année. Le rendement des contrats à terme sur acceptations bancaires arrivant à échéance en décembre a reculé hier à 4,23%, soit bien en deçà du taux directeur de la Banque du Canada et du rendement de 4,76% le 9 août.

Dans une note adressée hier à ses clients, Ted Carmichael, de J.P. Morgan Securities, à Toronto, a prédit que la banque centrale annoncerait une baisse de son taux directeur le 16 octobre prochain.

«Il y a quelques jours, j'aurais encore prédit une hausse des taux», a confié Andrew Gretzinger, économiste à MFC Global Investment Management, une filiale torontoise de la Financière Manuvie. Dans le contexte actuel, un resserrement des taux «serait contre-intuitif», a-t-il dit.

Désireuse de maintenir l'inflation à 2% et le fonctionnement de l'économie à plein régime, la banque centrale accorde des prêts à un jour aux banques et aux firmes de courtage afin que les taux du marché au jour le jour restent sensiblement fidèles à son taux directeur.

Le taux au jour le jour affecte les taux hypothécaires et les lignes de crédit accordés aux consommateurs, de même que les prêts à court terme aux entreprises.

Les banques et les firmes de courtage ont commencé la semaine dernière à exiger les unes des autres des taux d'intérêt plus élevés sur les prêts à un jour, non pas parce qu'elles prévoyaient une hausse du taux directeur, mais bien parce qu'elles hésitaient à avancer des fonds.

Le taux directeur interbancaire offert à Londres pour les prêts à un jour en dollars canadiens est monté à 5,34% mercredi. Il est redescendu vendredi à 5,2%. Le taux d'escompte de la Banque du Canada est de 4,5%.