De toutes les sources d'inflation, celle des salaires inquiète au premier plan la Banque du Canada.

De toutes les sources d'inflation, celle des salaires inquiète au premier plan la Banque du Canada.

Elle anticipe maintenant que les augmentations de la rémunération des travailleurs seront plus élevées que le taux général d'inflation, sans pour autant être justifiées par des gains de productivité.

En pareille situation, les entreprises ont tendance à refiler les hausses au consommateur et la situation devient vite ingérable.

Les données les plus récentes de l'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures travaillées font état d'une poussée des salaires de 4 % depuis un an.

À la différences des autres enquêtes, celle-ci est à pondération fixe et donne une meilleure mesure de l'inflation des salaires. On établit ainsi ce qu'était le salaire d'un pompier, d'un machiniste ou d'un menuisier il y a un an et on regarde ce qu'il est devenu aujourd'hui.

On ne cherche pas à voir comment un ouvrier qui travaillait dans une scierie gagne désormais comme vendeur dans une quincaillerie. On découvre ainsi que l'inflation des salaires ne se limite pas à l'Alberta, mais se répand dans plusieurs autres provinces, dont le Québec et l'Ontario pourtant touchés par la crise manufacturière.

«On saisit un effet pur de salaire en éliminant les effets de composition de l'emploi, note Yannick Desnoyers de la Financière Banque Nationale qui s'est penché sur cette question. Les pressions salariales sont près de trois fois plus importantes à l'heure actuelle qu'en 2003. À 4 %, on ne peut plus dire que l'inflation salariale est sous contrôle.»

De manière générale, il s'écoule un an avant que les tensions du marché du travail se traduisent en pressions salariales. Avec un taux d'emploi record au pays et un taux de chômage qui n'a jamais aussi faible et durant si longtemps, les pressions salariales ont toutes les chances de s'accentuer.

Taux supérieur aux États-Unis

Qui plus est, l'indice de référence de l'inflation qui sert de baromètre à la Banque du Canada va sans doute grimper à nouveau à 2,5 % lorsque les chiffres de juin seront connus le 18 juillet à cause d'un effet arithmétique.

La baisse de mai n'aura été qu'éphémère, prévoit M. Desnoyers.

En pareil cas, le Canada connaîtrait un taux d'inflation de référence plus élevé que celui des États-Unis, là où le taux directeur de la Fed est pourtant 75 points centésimaux plus élevés que celui de la Banque du Canada.

En outre, l'économie canadienne progresse beaucoup plus vite que l'américaine depuis le début de l'année. «Voilà les ingrédients idéaux pour inciter une Banque centrale à resserrer le crédit», conclut-il.

Ailleurs dans l'économie, on ne sent pas forcément les ravages de l'inflation parce que le pouvoir d'achat augmente grâce à la vigueur du dollar.

Les taux d'intérêt ont bougé quant à eux de manière très variable.

Si on reporte en mai 2006, soit à la hausse précédente du taux directeur, une hypothèque fermée de cinq ans amortie sur 25 ans portait un taux de 6,75 %.

Depuis quelque temps, le taux s'élève à 7,24 %. Cette majoration de 49 points centésimaux correspond à une hausse effective de 7,26 %. Pour un prêt de 150 000 $ les mensualités sont passées de 1027,57 $ à 1072,94 $, fait remarquer Sylvie Brunelle, de la Banque de Montréal (BMO).

«Depuis peu, la réaction des consommateurs est beaucoup plus portée vers des hypothèques à taux fixe de cinq ans», précise-t-elle même si les hypothèques à taux variables restent encore un peu plus avantageuses pour ceux qui n'ont pas d'aversion au risque.

La directrice principale Ventes concessionnaires pour le Québec de BMO fait remarquer cependant que le taux d'intérêt sur un contrat de vente à tempérament (CVT) pour une voiture a peu bougé durant la même période, passant de 8,59 % à 8,65 %. Amorti sur sept ans, un CVT typique suppose des mensualités de 365,98 $, en hausse de seulement 60 cents.