Le tiers des chèques de 1,9 milliard de dollars du règlement de l'équité salariale, soit 650 millions, devraient se retrouver dans les caisses des magasins d'ici la fin de l'année.

Le tiers des chèques de 1,9 milliard de dollars du règlement de l'équité salariale, soit 650 millions, devraient se retrouver dans les caisses des magasins d'ici la fin de l'année.

C'est l'évaluation faite mardi par François Dupuis, vice-président et économiste en chef du Mouvement Desjardins, parmi un groupe d'experts sur les grands mouvements économiques réunis hier devant les congressistes du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).

Depuis la semaine dernière et d'ici la fin du mois, Québec expédie ces chèques à «360 000 fonctionnaires qui touchent en moyenne 5300 $. Cela permettra d'atténuer le ralentissement économique» prévu en 2007, a ajouté François Dupuis.

Quels commerces profiteront de ces 650 millions? Selon l'expérience passée, les familles «achètent souvent des biens durables, comme un véhicule et des appareils électroménagers», dans des cas semblables, a dit l'économiste en chef.

Par ailleurs, François Dupuis ne croit pas que le gouvernement Harper va tenir la seconde partie de sa promesse sur la baisse de la TPS.

«La première baisse de 1 % de la TPS a été une mauvaise décision. C'est fini les baisses de TPS. On verra plutôt Ottawa baisser les impôts», a-t-il dit. Selon Marc Lévesque, chef stratégiste de Valeurs mobilières TD, " 99 % des économistes sont d'accord avec ça ".

Si, par son budget de lundi, Ottawa va verser près de 1 milliard d'argent frais à Québec, «en rétablissant en partie l'équilibre fiscal avec les provinces», selon François Dupuis, on peut aussi y voir une aide aux manufacturiers et aux PME, a-t-il ajouté.

Quant à Marc Lévesque, il n'a même pas dû corriger ses prévisions économiques après le budget d'Ottawa, parce que c'était anticipé.

Cela dit, le commerce de détail garde une tendance favorable au pays et la Banque du Canada ne modifiera sans doute pas son taux directeur cette année, a souligné Marc Lévesque.

François Dupuis s'attend par ailleurs à une reprise économique, l'été prochain ou au début de l'automne, en se référant à la remontée de l'indice précurseur Desjardins. «Elle ne sera peut-être pas forte, mais c'est quand même mieux que rien.»

De son côté, l'indice de confiance des consommateurs garde le Québec «loin d'une récession», a assuré François Dupuis.

«Les consommateurs sont endettés, mais ce n'est pas inquiétant», selon lui. Leur dette équivaut à 105 % de leur revenu personnel disponible, mais Desjardins tient compte de la valeur de leur maison et de leurs placements. Ainsi, leurs paiements d'intérêts équivalent à 7,5 % de leurs revenus disponibles, comparativement à près de 10 % lors de la récession de 1991-1992, a expliqué François Dupuis.

Il en va de même pour le taux d'épargne personnelle. «Ça détruit des mythes quand on tient compte de la valeur de la maison et des placements», a souligné François Dupuis.

La consommation va bien, c'est plutôt le commerce extérieur (import-export) qui pose problème à cause de la vigueur du dollar canadien et du ralentissement économique américain, selon Marc Lévesque.

Le déficit commercial du Québec avec la Chine s'amplifie, mais les marges de profit des commerces locaux ont atteint un sommet, a souligné François Dupuis. Le prix des vêtements et chaussures ont baissé, grâce aux importations, mais les détaillants en ont profité aussi, en gonflant leurs profits, a-t-il dit.