Il y a 27 ans, après des études à l'Université McGill, Alberta Cefis a atterri dans une banque. Une «terre des hommes», en quelque sorte, où les dirigeantes brillaient par leur absence.

Il y a 27 ans, après des études à l'Université McGill, Alberta Cefis a atterri dans une banque. Une «terre des hommes», en quelque sorte, où les dirigeantes brillaient par leur absence.

«Quand j'ai commencé, je travaillais presque uniquement avec des hommes, les conférences, c'était seulement avec des hommes, les rapports étaient remis aux hommes...» se souvient-elle.

Alberta Cefis a gravi peu à peu les échelons du monde bancaire pour devenir l'an dernier vice-présidente à la direction et chef du groupe Transactions bancaires mondiales à la Banque Scotia [[|ticker sym='T.BNS'|]].

Quelque 37 % des postes de haute direction comme le sien sont aujourd'hui occupés par des femmes à la Scotia, 10 % de plus qu'il y a trois ans. Un bond qui n'a rien à voir avec le hasard.

En 2002, la banque a lancé son projet «Avancement des femmes». Le programme, destiné à favoriser l'accession des femmes aux postes de haute direction, a porté ses fruits - et il a été remarqué: l'institution financière vient tout juste de recevoir une prestigieuse récompense, le prix Catalyst, qui salue la qualité de son initiative.

En gros, le programme vise surtout à «neutraliser» la manière dont les promotions sont accordées, explique Diane Giard, une autre dirigeante de la Scotia.

«Il y a des mécanismes en place pour les promotions internes à la banque, où on s'assure vraiment qu'il y a une objectivité. On a un comité qui revoit toutes les mises en candidature pour les postes de vice-président et plus; ça n'a plus vraiment d'importance de savoir qui on connaît ou pas», explique Mme Giard, première vice-présidente, région du Québec et est de l'Ontario.

Les comités de sélection sont formés de gens de plusieurs secteurs de la banque, qui, parfois, n'ont jamais rencontré le candidat à la promotion. «C'est presque comme des consultants externes dans certains cas, qui regardent l'évolution de ta carrière et qui émettent une opinion pour savoir si tu devrais avoir le poste», souligne Mme Giard.

Adieu les boys

Les dernières années ont amené un changement de mentalité accéléré à la Scotia, soutient Diane Giard.

«C'est vraiment depuis cinq ans qu'il y a une réceptivité beaucoup plus grande envers les femmes à la banque, où les old boys clubs, les réseaux d'hommes, ont été pas mal démantelés, dit-elle. C'est vraiment ça qui a fait la différence.»

Malgré les progrès, l'égalité n'est pas totale, rappelle Alberta Cefis. «On attend plus d'une femme que d'un homme. C'était surtout le cas quand j'ai commencé, mais je dirais que c'est toujours vrai.»

Aussi, le conseil d'administration de la Scotia est encore loin d'avoir atteint l'équité homme-femme. On y trouve quatre femmes sur 16 postes au total.

Alberta Cefis estime tout de même qu'une jeune femme qui commence aujourd'hui une carrière à la Scotia aura autant de chances d'avancement qu'une homme.

La Banque Scotia est le premier lauréat canadien du prix Catalyst depuis 1999. Goldman Sachs, PepsiCo et PricewaterhouseCoopers ont aussi été récompensés en 2007.

Pour mériter leurs prix, les entreprises gagnantes ont dû se soumettre à des vérifications poussées et prouver que leurs programmes d'avancement professionnel des femmes avaient procuré des résultats quantifiables.