Les enfants du Québec ne sont pas les seuls à espérer un Noël blanc qui ne viendra pas. Les propriétaires de stations de ski aussi.

Les enfants du Québec ne sont pas les seuls à espérer un Noël blanc qui ne viendra pas. Les propriétaires de stations de ski aussi.

Depuis le début de la saison de ski, les stations de l'Estrie et de la Montérégie ont vu leur affluence fondre de 80% par rapport à l'an dernier. " C'est assez catastrophique ", dit François Sénécal, directeur de la montagne au Mont Orford.

À l'instar de ses collègues, M. Sénécal a le nez rivé sur les prévisions météorologiques. Car chaque degré Celsius compte. " Nous avons une différence de cinq à six degrés Celsius avec les Laurentides, dit M. Sénécal. Nous courons donc un risque beaucoup plus élevé. "

Comble de malheur, la météo prévoit de la pluie pour Noël. De toute façon, Orford a déjà jeté l'éponge en prévision de la période des Fêtes, qui constitue habituellement 30 % de son chiffre d'affaires. " C'est perdu jusqu'au jour de l'An, dit M. Sénécal. Il faut espérer de très beaux week-ends durant le reste de la saison pour espérer compenser. "

Dame Nature se laisse aussi désirer au Mont Saint-Bruno, dont la fréquentation a diminué de 80 % en décembre. " Le climat ne nous a jamais été favorable, mais nous n'avons jamais vécu un début de saison aussi tardif et aussi peu occupé, dit le vice-président Michel Couture. Les retards accumulés sont irrécupérables. Nous avions prévu des investissements cet été. Ces projets seront retardés de 18 mois. "

Il reste tout de même quelques optimistes au sud de Montréal. Comme les autres stations, Ski Bromont a enregistré une baisse de ses revenus de l'ordre de 80% depuis le début de la saison. Son président Charles Désourdy prend la chose avec philosophie. " Le mauvais temps fait partie de notre métier, dit-il. C'est difficile présentement, mais la période avant les Fêtes ne représente que 5% de notre chiffre d'affaires. "

Ski Bromont peut se permettre d'accuser le coup sans broncher. L'entreprise dispose de 777 canons à neige. Une facture annuelle de 2,5 millions de dollars par année, incluant l'amortissement des équipements, qui représente la moitié du montant. " Le ski de soirée et la proximité des grands centres urbains nous permettent d'investir autant d'argent dans la fabrication de neige ", dit M. Désourdy.

L'Association des stations de ski du Québec (ASSQ) se fait rassurante. " Des débuts de saison plus tranquilles, il en a déjà eu et il y en aura encore, dit le porte-parole Alexis Boyer-Lafontaine. Il y a trois ans, la région des Cantons-de-l'Est avait connu le plus fort début de saison de la province. Chaque région finit pour y goûter un jour ou l'autre. "

Les chanceux

Les régions chanceuses cette année : Québec et Charlevoix. Au Massif, le retard d'affluence est inférieur à 2 %. " Nous avons dû fermer la station quatre jours de plus que l'an dernier, dit Isabelle Vallée, directrice des relations de presse. Nous n'avons pas vraiment perdu de revenus car ce sont surtout des abonnés qui viennent skier à cette période-ci de l'année. "

Selon une étude de la chaire de tourisme de l'UQAM réalisée pour le compte de l'ASSQ, le chiffre d'affaires des 82 stations de ski du Québec a chuté de 1% l'hiver dernier. Quelque 60% des stations, qui génèrent plus de 30 000 emplois directs et indirects, ont réalisé des bénéfices en 2005-2006.