Les nouvelles heures d'ouverture que négocient les chaînes de supermarchés pourraient toucher jusqu'à 300000 clients.

Les nouvelles heures d'ouverture que négocient les chaînes de supermarchés pourraient toucher jusqu'à 300000 clients.

Pas moins de 100000 personnes par semaine font leurs emplettes au supermarché en pleine nuit au Québec, soit entre 22h et 7h, a précisé à La Presse Affaires la porte-parole de la Coalition pour l'assouplissement des heures d'affaires, Linda Lapointe. Il y a par ailleurs 200000 clients par semaine qui se présentent aux caisses des supermarchés entre 21h et 22h, a-t-elle ajouté.

C'est pourquoi la Coalition négocie avec le syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), affilié à la centrale FTQ, de ne fermer l'épicerie qu'à 22h.

Des portes closes une heure plus tôt laisseraient en plan de trop nombreux clients. "C'est une position ferme de la part de la Coalition parce qu'il y aurait de nombreux clients lésés et de grosses ventes derrière ça", a souligné Linda Lapointe.

Une entente patronale-syndicale sur les nouvelles heures d'ouverture est à portée de main, "mais ce n'est pas encore fait", car Linda Lapointe propose quatre jours fériés chômés tandis que le syndicat en demande sept par année, afin de faciliter la conciliation travail-famille. Par contre, les négociateurs s'entendent déjà pour mettre fin à l'ouverture jour et nuit durant 24 heures, une plage horaire qu'avaient adoptée plusieurs supermarchés. La limite des quatre employés en fin d'après midi, le samedi et le dimanche, deviendra aussi chose du passé si l'entente est conclue.

Le syndicat TUAC négocie de nouvelles heures d'ouverture, seul, du côté des employés. Cela a fait bondir hier Jean Lortie, président de la Fédération du commerce de la CSN, qui trouve "inconcevable" qu'une loi, d'intérêt public, puisse être reformulée par quelques intéressés seulement. La CSN s'oppose vivement à ce que deux organisations, la Coalition patronale et les TUAC, apportent à elles seules des modifications d'importance à ce secteur économique.

La CSN n'est pas la seule à s'opposer à ces négociations en solo. Les Teamsters du Canada, un syndicat affilié à la FTQ, dénoncent aussi la situation. "Le feu est pris à la FTQ", a lancé Michèle Filteau, directrice des communications de la CSN.

L'Association des détaillants en alimentation et les chaînes Loblaws-Provigo, Sobeys-IGA et Metro ont préféré ne pas intervenir d'elles-mêmes publiquement dans ce débat et laisser la porte-parole de leur Coalition se charger des commentaires.

Sur le terrain, des épiciers se réjouissent par contre déjà des modifications envisagées. "Bravo! Ne plus ouvrir durant 24 heures, c'est parfait. J'abonde d'emblée", a lancé Louise Ménard, propriétaire de quatre supermarchés IGA à Saint-Lambert et à Montréal. "Ne plus ouvrir la nuit, c'est une bonne chose parce que le volume d'affaires n'est pas énorme", a renchéri Michel Coudry, du Marché Metro Coudry, à Brossard. "Beaucoup de clients se plaignent par ailleurs du manque de service en fin de journée, le samedi et le dimanche, à cause de la limite de quatre employés" imposée par la loi de 1992, a ajouté Michel Coudry.

"Le recrutement d'employés devient épouvantable. Les gens ne veulent plus travailler dans l'alimentation, en raison des plus longues heures de travail qu'ailleurs dans le commerce, mais pour le même salaire", a par ailleurs souligné Louise Ménard. "On travaille avec des produits périssables dans l'alimentation et, après la fermeture, il faut encore laver l'équipement. Il faut mieux respecter nos jeunes travailleurs. Ils ne peuvent compter que sur une ou deux semaines de vacances. Si on ajoutait cinq congés fériés chômés, ça leur donnerait l'équivalent d'une semaine de vacances de plus. Ils en ont besoin."

Louise Ménard leur accorderait même deux fois plus de congés chômés. Au Danemark et ailleurs, tous les commerces ferment le dimanche, parce que c'est le journée de la famille, dit-elle.

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