Tôt ou tard, tous les champions finissent par subir la défaite. Même Calgary et ses pétro-dollars.

Tôt ou tard, tous les champions finissent par subir la défaite. Même Calgary et ses pétro-dollars.

Après trois ans de règne, la métropole de l'Alberta vient de perdre le premier rang parmi les grandes villes canadiennes en matière de croissance économique.

Non, elle n'a pas été supplantée par Edmonton, sa rivale albertaine. Selon les prévisions du Conférence Board du Canada, la nouvelle championne de la croissance économique n'est toutefois pas bien loin.

Il s'agit de Saskatoon, une ville de 234 000 résidants située dans la province voisine.

La nouvelle aurait fait sursauter l'économiste Mario Lefebvre à son arrivée au Conference Board du Canada, il y a neuf ans.

«La première fois qu'on m'a demandé de faire une présentation sur l'économie de Saskatoon, je suis tombé en bas de ma chaise, raconte le directeur du service des notes de conjoncture métropolitaine du Conference Board. Comment vais-je faire pour parler pendant 45 minutes? J'ai fait mes recherches et je suis resté surpris.

«Au cours des 15 dernières années, Saskatoon se classe parmi les trois meilleures villes au Canada en matière d'emploi. Si vous pensez que vous allez heurter des vaches en vous promenant en voiture au centre-ville, oubliez ça. Saskatoon est une ville d'affaires. L'an dernier, elle a enfin freiné l'exode de ses résidants. Les gens reviennent à Saskatoon, notamment en raison du coût des logements en Alberta.»

Selon le Conference Board, l'économie canadienne est propulsée plus que jamais par les provinces de l'Ouest, qui occupent les sept premiers rangs du classement en 2007.

Après Saskatoon, on retrouve Calgary, Winnipeg, Edmonton, Regina, Vancouver et Victoria. Les deux seules villes québécoises, Québec et Montréal, se classent au 9e et au 12e rang sur 13.

La région d'Ottawa-Gatineau vient au 11e rang. Hamilton ferme la marche avec une croissance anémique de 1,3%.

«L'écart entre l'Est et l'Ouest provient des problèmes du secteur manufacturier, présent majoritairement dans l'Est du pays», dit M. Lefebvre.

L'écart en hausse

Si l'écart entre l'est et l'ouest du pays a atteint des nouveaux records en 2007, il pourrait continuer de s'amplifier l'an prochain.

«Les difficultés de l'économie américaine auront des répercussions sur leur marché du logement, dit M. Lefebvre. Comme les Américains achètent beaucoup de matériaux au Canada, nous subirons des dommages collatéraux dans le secteur manufacturier.»

L'économiste de la Conference Board a toutefois des mots d'encouragement pour le Québec, dont le produit intérieur brut (PIB) devrait augmenter de 2% cette année, comparativement à la moyenne canadienne de 2,5%.

Malgré ses difficultés sur les marchés internationaux en raison de l'appréciation du dollar canadien, le Québec a pu compter sur une demande intérieure forte (3,5%). Le règlement sur l'équité salariale a notamment permis l'injection de 1,8 milliard de dollars dans l'économie québécoise.

«La ville de Montréal ne peut pas être comparée à Calgary ou Saskatoon, mais ce n'est pas l'apocalypse non plus, dit M. Lefebvre. Le marché du logement montréalais est revenu à des niveaux plus normaux, mais il y aura tout de même 21 000 nouvelles unités en 2007. Dans les années 90, on aurait sorti le champagne!»

En attendant un regain du secteur manufacturier, Montréal devra trouver des solutions afin de conserver ses immigrants.

«Montréal attire une bonne part des immigrants internationaux mais ils partent souvent pour d'autres provinces ou d'autres villes du Québec, dit M. Lefebvre. Comme le vieillissement de la population est un phénomène mondial, la lutte pour recruter les immigrants deviendra de plus en plus féroce. Montréal devra trouver une stratégie afin de retenir ses nouveaux arrivants.»