«Le Québec souffre de la maladie hollandaise.»

«Le Québec souffre de la maladie hollandaise.»

Ce n'est pas un médecin qui pose le diagnostic, mais plutôt l'ancien ministre de l'Industrie et du commerce sous René Lévesque, Rodrigue Tremblay, aujourd'hui professeur émérite à l'Université de Montréal. Et la maladie hollandaise n'a rien à voir avec les virus et autres bactéries traités dans nos hôpitaux.

La maladie hollandaise - ou syndrome hollandais - survient quand une économie - la canadienne dans notre cas - voit sa croissance s'accélérer en raison d'une hausse du prix du pétrole.

Les autres secteurs de cette économie, comme les manufacturiers québécois et ontariens, souffrent parce que la devise monte trop vite, propulsée par le secteur énergétique.

C'est ce qui s'est passé aux Pays-Bas dans les années 70, d'où le nom que l'on donne à ce qui est en fait une économie à deux vitesses.

Dans ce contexte, poursuit M. Tremblay, «il faut se préoccuper de la compétitivité de tout le secteur qui est en concurrence avec les importations et le secteur d'exportation. Ils sont vulnérables.»

Il pense à l'industrie du bois, au secteur agricole et à l'industrie manufacturière. «Si en plus, il y avait un ralentissement économique aux États-Unis un dollar fort avec un ralentissement, il y aurait deux effets négatifs sur ces secteurs-là.»

L'ancien ministre n'est pas le seul à parler de ce mal hollandais. Il y a deux ans, l'économiste en chef d'Exportation et développement Canada (EDC) Stephen Poloz, tirait la sonnette d'alarme.

«Les symptômes du syndrome hollandais comment à apparaître, la hausse des marges bénéficiaires dans le secteur de l'énergie coïncidant avec leur contraction dans plusieurs sous-secteurs de la fabrication», écrivait-il alors.

Deux ans plus tard, M. Poloz constate que la maladie reste bien présente.

«Non seulement les manufacturiers doivent-ils payer leur énergie plus cher, mais ils ont moins d'argent pour leurs ventes à l'étranger, parce que ces ventes se font en dollars américains, explique-t-il. Donc, leurs profits sont compressés pour deux raisons.»

Dans ce contexte, Rodrigue Tremblay observe la scène internationale en croisant les doigts.

«S'il y a une guerre contre l'Iran, c'est possible que le baril de pétrole monte à 100$ et plus. Ça va faire exploser le dollar canadien et, évidemment, ça va écraser le secteur manufacturier de l'Ontario et du Québec. Il faudrait que le gouvernement Harper, ou un autre gouvernement, prépare des contingences.»