«Une coopérative, c'est un peu une utopie, mais en même temps, c'est agir concrètement sur ta communauté», selon la jolie formule de Raymond Villeneuve.

«Une coopérative, c'est un peu une utopie, mais en même temps, c'est agir concrètement sur ta communauté», selon la jolie formule de Raymond Villeneuve.

Une coopérative d'habitation est un ensemble de logements dont les occupants sont à la fois «locataires de leur logement et collectivement propriétaires de l'immeuble».

Cette propriété collective impose à chaque locataire le versement d'une part sociale, souvent inférieure à 1000$, qui leur sera remise à leur départ.

Les loyers, c'est l'objectif seront moins élevés que pour des logements équivalents sur le marché locatif ordinaire. Lors de la création de la coopérative, les loyers sont plafonnés à 95% du loyer médian fixé par la SCHL.

Mais la formule coopérative n'offre pas que l'avantage d'un loyer modique. Le locataire consciencieux n'aura pas à craindre l'éviction par un propriétaire arbitraire, ou qui voudrait récupérer son logement.

La propriété collective entraîne en outre un intérêt commun à maintenir un milieu de vie salubre et propre. Elle permet aux coopératives de tendre des filets de sécurité communautaires. Ainsi, la coopérative de Raymond Villeneuve doit prévoir, à même ses revenus, un fonds de sécurité d'occupation. «Si j'ai une crise temporaire, je peux avoir l'aide de la coopérative pour quelques mois», explique-t-il.

De la même façon, le mécanisme de supplément au logement participera au paiement du loyer des ménages qui doivent y consacrer une trop forte proportion de leurs revenus.

Financement

Certaines coopératives existantes instituées en vertu d'anciens programmes ont reçu une aide récurrente. Les nouvelles coopératives reçoivent plutôt une aide à la création, et doivent ensuite s'autofinancer.

Deux programmes gérés par la Société d'habitation du Québec peuvent soutenir les coopératives d'habitation. Les villes de Montréal et Québec en sont mandataires sur leurs territoires.

Le programme Logement abordable Québec-volet logement social et communautaire offre une contribution correspondant à 60% des coûts de réalisation admissibles achat du terrain ou d'un immeuble, construction ou rénovation...

Le programme AccèsLogis couvre pour sa part 50% de ces coûts, mais il y greffe une aide au loyer pour les ménages à faibles revenus. C'est essentiellement par ce dernier programme que transitent maintenant les projets de coopératives.

Mais même ce financement de départ se tarit. Les unités de logement de ces programmes sont à l'heure actuelle à peu près toutes attribuées.

«Il y a très peu de fonds là-dedans et malheureusement, les fonds qu'on y injecte sont destinés à des clientèles un peu plus spécialisées, comme les personnes âgées ou en perte d'autonomie», déplore Daniel Gill, professeur à l'Institut d'urbanisme de l'Université de Montréal.

Le dernier budget provincial présenté le 24 mai dernier a ajouté in extremis 1000 unités de logement par année pour chacune des deux prochaines années, dans une enveloppe de 120 millions$.

«Je souhaite qu'on revienne à 2000 unités par année, avec un programme récurrent qui permettrait une meilleure planification, expose Édith Cyr, présidente de l'Association des groupes de ressources techniques. Les interventions sont alors plus pertinentes.»

En chiffresIl y a environ 25 000 logements dans 1200 coopératives au Québec, soit près de 2% du parc locatif.

> Depuis 2003, 514 millions de dollars ont été consacrés aux programmes AccèsLogis et Logement abordable-Québec.

> Le dernier budget provincial a annoncé une enveloppe supplémentaire de 120 millions de dollars sur deux ans, pour 2000 unités de logement.

> En 2006, sur 3781 logements livrés dans le cadre des programmes AccèsLogis et Logement abordable, 536 faisaient partie de coopératives d'habitation.

> En 2006, à Montréal, quatre coopératives d'habitation ont été mises en chantier, pour un total de 228 logements. De ce nombre, 76 ont été terminés en 2006, et 152 en 2007. En 2007, six projets sont en cours.