Le Canada a accepté à la demande des États-Unis de multiplier par cinq d'ici 2015 sa production pétrolière dans les sables bitumineux de l'Alberta, sans tenir compte des conséquences environnementales, a affirmé Radio-Canada mercredi.

Le Canada a accepté à la demande des États-Unis de multiplier par cinq d'ici 2015 sa production pétrolière dans les sables bitumineux de l'Alberta, sans tenir compte des conséquences environnementales, a affirmé Radio-Canada mercredi.

La chaîne dit avoir mis la main sur des documents relatant une rencontre en sol texan, au lendemain de l'élection des conservateurs de Stephen Harper en janvier 2006, entre les ténors des industries pétrolières américaine et canadienne et des représentants des deux gouvernements.

Washington a demandé à Ottawa de faire passer d'ici 2015 sa production de pétrole dans les sables bitumineux d'un à cinq millions de barils par jour afin de diminuer sa dépendance pétrolière au Moyen-Orient, affirme Radio-Canada, dans une émission devant être diffusée prochainement et dont la chaîne publique a dévoilé la teneur mercredi.

Situés dans le nord de l'Alberta les sables bitumineux représentent la deuxième réserve d'or noir mondial, derrière l'Arabie saoudite, et donc la plus importante du monde hors du Moyen-Orient.

Selon les données publiques de l'Association canadienne des producteurs de pétrole (ACPP), le Canada extrait actuellement un peu plus d'un million de barils par jour de ses sables bitumineux et prévoit d'atteindre 2,7 millions par jour à l'horizon 2015.

En combinant ces projections avec celles des réserves conventionnelles et offshore, la production totale du Canada devrait passer à près de quatre millions de barils par jour à cette période.

Les investissements dans les sables bitumineux canadiens ont connu un véritable boom à l'été 2005 lorsque le baril de brut a franchi le seuil des 50 $ US.

L'exploitation de cette réserve est toutefois onéreuse et génère d'importantes quantités de gaz à effet de serre (GES) car l'extraction du bitume emprisonné dans le sable exige beaucoup d'énergie.

Le document «coproduit» par le ministère canadien des Ressources naturelles recommande aux autorités fédérales canadiennes et provinciales albertaines «de simplifier le processus d'approbation environnementale des nouveaux projets dans ce secteur clé», affirme la chaîne publique.

Le gouvernement conservateur n'a pas caché depuis son arrivée au pouvoir son scepticisme à l'égard du protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre, soulignant que le Canada ne serait pas en mesure d'atteindre les objectifs de réduction que lui fixe le protocole en raison de l'exploitation des sables bitumineux.