L'allégement prochain des taux d'intérêt se profile à l'horizon, alors que l'économie canadienne subit les contrecoups d'une monnaie trop forte et d'un voisin affaibli par ses consommateurs à bout de souffle.

L'allégement prochain des taux d'intérêt se profile à l'horizon, alors que l'économie canadienne subit les contrecoups d'une monnaie trop forte et d'un voisin affaibli par ses consommateurs à bout de souffle.

Ce qui faisait ombrage à un coup de pouce de la Banque du Canada est en train de se dissiper rapidement.

À la surprise quasi générale, l'indice des prix à la consommation (IPC) a reculé de 0,3%, de septembre à octobre, faisant reculer le rythme annuel d'inflation à 2,4%.

L'indice de référence (IPCX) qui sert d'étalon à la politique monétaire de la Banque du Canada est pour sa part passé de 2% à 1,8%, a fait savoir mardi Statistique Canada.

C'est la première fois en 15 mois qu'il se situe dans la zone inférieure de la fourchette cible de 1% à 3%, définie par la banque centrale comme zone de confort du rythme d'inflation.

Le prix de l'ensemble des services a progressé de 0,2% durant le mois, à cause de la poussée du coût des logements qui inclut les intérêts hypothécaires.

En revanche, le prix des biens affichait un recul de 0,8% pour le mois et une croissance annuelle de 1,4%, seulement.

«La diminution généralisée des prix des biens en octobre est sans doute un signe des ajustements à la baisse de certains prix à la suite de la vive appréciation du huard», estime Benoit P. Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins.

En fait, les premières annonces importantes de baisses de prix sont survenues ce mois-ci. Le rythme d'inflation est appelé à ralentir encore plus vite que ce que la Banque du Canada avait prévu il y a un mois à peine.

Depuis, Ottawa a annoncé que la TPS serait ramenée de 6% à 5% dès janvier, tandis que l'envolée du huard jusqu'à 110 cents US le 7 novembre pousse les consommateurs à exiger des détaillants qu'ils leur en donnent plus pour leur argent.

«Les commerçants vont annoncer d'autres baisses de leurs prix au cours des mois à venir, prévoie Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Résultat, tant l'inflation totale (IPC) que l'inflation de base (IPCX) vont passer sous les 2% durant le prochain semestre.»

Cela donne une marge de manoeuvre à la Banque du Canada, coincée jusqu'à récemment entre des risques de surchauffe inflationniste due aux tensions sur le marché du travail et ceux d'un ralentissement causé par la crise américaine de l'habitation et l'ascension fulgurante du huard.

Devant pareil scénario susceptible de se matérialiser dès le 4 décembre ou le 22 janvier, selon le degré d'optimisme des observateurs, notre monnaie aurait dû se replier hier.

Elle a au contraire gagné un peu de terrain au détriment du billet vert. Le huard a terminé la journée à 101,97 cents US, en hausse de 42 centièmes.

Le dollar américain a même enregistré un record absolu de faiblesse contre l'euro, passant sans résistance au-dessus des 1,48 $ US.

Cela a en retour stimulé les prix du pétrole car les raffineurs américains sont obligés d'offrir davantage pour s'approvisionner, compte tenu de la faiblesse du billet vert.

Le prix du baril est repassé au-dessus des 98 $ US, ce qui a tonifié quelque peu le huard.

La baisse désormais envisageable des taux canadiens aidera peu les exportateurs, mais elle sera bien reçue par les consommateurs, aux prises avec des taux d'intérêt plus élevés exigés par les institutions financières.

Celles-ci sont devenues méfiantes depuis la crise des liquidités qui a éclaté à la mi-août.

Elles sont même réticentes à se prêter entre elles.

Mardi encore, la Banque du Canada a dû venir à leur secours en injectant 815 millions, au moyen de prises en pension.

«Une réévaluation du risque de défaillance qui accroît les primes de risque et se traduit par un resserrement des conditions du crédit peut nécessiter un taux directeur inférieur à ce qui aurait été le cas autrement», a même déclaré mardi Pierre Duguay, sous-gouverneur à la Banque du Canada.

Dans son allocution devant les membres de CFA Québec, il a par contre donné peu d'indications sur les intentions de la Banque.