À n'en pas douter, Quebecor World (T.IQW) traverse une période difficile. Peu importe ce que font les dirigeants, les investisseurs continuent de larguer le titre en Bourse.

À n'en pas douter, Quebecor World [[|ticker sym='T.IQW'|]] traverse une période difficile. Peu importe ce que font les dirigeants, les investisseurs continuent de larguer le titre en Bourse.

Mardi, c'est l'abandon du plan de refinancement de 750 M$ qui a fait réagir les investisseurs.

L'action de l'imprimeur de Montréal a perdu 5,5% de sa valeur, clôturant à 2,74$. Quelque 5,5 millions d'actions ont changé de mains, le plus fort niveau depuis plus de quatre ans.

On se serait attendu à plus de clémence de la part des investisseurs, puisque ce plan de refinancement est justement l'une des principales raisons qui ont fait reculer le titre, ces derniers jours.

Ce plan, annoncé le 13 novembre, avait notamment pour effet de diluer la participation des actionnaires, ce qui est rarement bien accueilli en Bourse.

Il comprenait l'émission de 250 M$ de nouvelles actions, en plus de l'émission d'une nouvelle tranche d'obligations, à hauteur de 500 millions.

Mardi, devant la chute récente du titre, Quebecor World n'a pas eu le choix: «La société a décidé de retirer son plan de refinancement en raison de la conjoncture actuelle du marché financier qui est difficile», a-t-elle écrit dans son communiqué.

Mais l'effet a été le même: le titre a encore perdu 5,5% de sa valeur, à 2,74$. Depuis la mise en vente de la filiale européenne et les pertes trimestrielles, le 7 novembre, le titre est passé de 8,02$ à 2,74$, une chute de 66%.

Crise de liquidités en vue?

Comment expliquer cette nouvelle chute? C'est que les gestes récents de l'entreprise s'inscrivent dans une problématique de liquidités. Mardi, l'agence de notation de crédit DBRS a d'ailleurs réagi rapidement.

«L'incapacité de l'entreprise à implanter son plan de refinancement soulève des questions au sujet des liquidités de Quebecor World et de sa flexibilité financière à court terme», a fait valoir l'analyste Jamie Wetmore, de DBRS.

Au téléphone, M. Wetmore explique que Quebecor World doit trouver des solutions avant juillet 2008, puisque les banquiers réduiront alors les marges de crédit à court terme de l'entreprise, les faisant passer de 750 millions à 500 millions.

«Compte tenu de leur abandon du plan de financement et de leurs besoins courants, l'entreprise pourrait se diriger vers une crise de liquidités en juillet 2008 si elle ne réussit pas à refinancer sa marge de crédit», a expliqué Jamie Wetmore.

DBRS a mis sous révision négative la cote de crédit B qu'elle attribue aux actions privilégiées et à la dette à long terme de l'entreprise.

La cote B est de cinq niveaux inférieurs à la cote BBB au-dessous de laquelle les investisseurs institutionnels ne veulent généralement pas acheter de titres.

La situation est d'autant plus difficile pour Quebecor qu'elle fait face non seulement à un marché financier difficile, mais également à un secteur de l'imprimerie pressurisé.

«Vous avez une entreprise dans une industrie qui connaît des problèmes. De plus, vous avez un marché à haut taux qui est en eau trouble. Ce n'est tout simplement pas une bonne combinaison», a déclaré Shelly Lombard, à l'agence Bloomberg. Mme Lombard est analyste dans le secteur des obligations à haut rendement pour la firme Gimme Credit Publications, du New Jersey.

Pour remplacer son financement, Quebecor World évalue divers scénarios. Elle continue d'envisager une émission d'actions et de titres de créance «lorsque les conditions de marché seront plus favorables», indique l'entreprise dans son communiqué.

Mais elle songe également à vendre des actifs et à entreprendre des opérations de cession-bail, en plus d'envisager d'autres solutions. À cette fin, le conseil d'administration de Quebecor World embauchera des conseillers financiers indépendants.

En attendant, les investisseurs sont nerveux. Signe de cette nervosité, le gestionnaire de portefeuille Denis Durand, de la firme Jarislowsky Fraser, préfère réserver ses commentaires, lui qui est d'habitude plus loquace.

«C'est une situation tendue, donc on ne veut pas commenter», a-t-il dit.

Jarislowsky Fraser détient un certain lot d'actions de Quebecor World, mais encore davantage d'actions (plus de 10%) de la société mère, Quebecor inc.

La débâcle de Quebecor World semble d'ailleurs avoir affecté Quebecor, dont le titre a perdu 7,4% depuis l'annonce du 7 novembre, clôturant mardi à 37,65$. Le porte-parole, Tony Ross, n'a pas rappelé La Presse Affaires.