«Sabia aux Indes.» «Sabia, tête à claques.» «Bell Canada, compagnie de rats.»

«Sabia aux Indes.» «Sabia, tête à claques.» «Bell Canada, compagnie de rats.»

Quelques centaines d'employés de Bell [[|ticker sym='T.BCE'|]] ont manifesté jeudi midi à Montréal pour en soutien aux 67 employés temporaires de l'édifice de la rue Jean-Talon qui ont appris la veille que leurs emplois étaient transférés en Inde.

Il leur reste un peu moins de quatre semaines de boulot. Cent soixante autres, permanents à temps partiel, verront leurs heures de travail diminuées de 35 à 15 heures par semaine en janvier 2008.

«Comment est-ce que je peux payer ma maison et faire vivre mes trois enfants en travaillant seulement 15 heures par semaine? On a fait plein de sacrifices pour Bell et c'est comme ça que l'entreprise nous remercie», a dit Manon* à La Presse, rencontrée dans la manifestation.

Catherine*, elle, ne décolère pas. Sa patronne, directrice de la gestion des effectifs, lui a annoncé fièrement la semaine dernière qu'elle quittait le bureau de la rue Jean-Talon pour un «grand projet spécial».

«Jeudi, on nous a confirmé qu'elle venait de partir en Inde pour superviser ceux qui nous ont volé nos jobs. On est une méchante gang à se sentir trahis. La semaine passée, on lui avait souhaité bonne chance dans ses nouvelles fonctions», raconte l'employée.

Deuxième rassemblement

Au même moment, quelque 300 personnes bloquaient la rue De La Gauchetière à la hauteur du bureau du président et chef de la direction de BCE et Bell Canada, Michael Sabia. Cette deuxième manifestation était prévue depuis un mois pour dénoncer les coupes annoncées dans les avantages sociaux des futurs retraités.

«À partir de 2012, les employés qui partiront à la retraite ne bénéficieront que d'une version allégée des avantages sociaux normalement offerts aux retraités. Pire encore, à compter de 2016, c'est l'ensemble des avantages sociaux des retraités qui seront abolis», a dénoncé Line Brisson, vice-présidente de l'Association canadienne des employés en télécommunications (ACET).

Ce syndicat indépendant représente les employés de bureau de Bell. Pour une rare fois dans l'histoire, l'ACET a marché main dans la main avec les techniciens et téléphonistes de Bell, qui eux sont membres du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-FTQ). Bell Canada n'a pas rappelé La Presse, jeudi.

Les syndiqués feront sentir leur présence à la marche pour récolter des fonds pour la jeunesse que Bell organise dimanche.

«Bell prêche ce qu'elle ne fait pas. D'un côté elle veut aider les jeunes, mais de l'autre, elle met à la porte ses plus jeunes employés. Les 67 employés qui ont perdu leur emploi, ce sont des jeunes qui viennent de rentrer», a dit à La Presse Roger*, un manifestant, technicien depuis 28 ans chez Bell.

Une autre manifestation est aussi prévue à l'assemblée annuelle des actionnaires le 6 juin prochain.

* Les employés de Bell ont requis l'anonymat