L'année 2006 aura été difficile pour le monde hôtelier québécois, la croissance étant très limitée car les touristes étrangers sont découragés par la vigueur du dollar canadien.

L'année 2006 aura été difficile pour le monde hôtelier québécois, la croissance étant très limitée car les touristes étrangers sont découragés par la vigueur du dollar canadien.

C'est ce que souligne un rapport intitulé Survol de l'industrie hôtelière au Québec qui sera publié lundi prochain par la firme de consultants Horwath, spécialiste en hôtellerie.

Rédigé par ses dirigeants Gilles Larivière et Peter Gaudet, le rapport basé notamment sur les données de Tourisme Québec dresse les estimations suivantes pour l'ensemble de l'année:

- À Montréal, le nombre d'unités occupées quotidiennement a monté de 2,8% pour s'établir à 13 400, contre une diminution de 1,1% à 6500 unités à Québec.

- Du côté du taux d'occupation annuel, il a augmenté d'un seul point à 66% à Montréal, contre une glissade d'un point à 55% à Québec.

- Le prix de location moyen quotidien a monté de seulement 6 $ à 135 $ à Montréal, alors qu'il a stagné à 115 $ à Québec.

Horwath attribue ces chiffres mitigés à la vigueur du dollar canadien face à la devise américaine.

Les fluctuations des monnaies, alors que le huard s'est rapidement apprécié en cours d'année, ont eu un double impact. Les vacances au Canada ont coûté plus cher qu'auparavant et celles à l'étranger devenaient moins chères pour les Canadiens.

«À partir de l'été, le marché des vacanciers a ralenti de façon plus importante que prévu, dit Gilles Larivière, président de la firme. Le taux de change et la faiblesse du marché américain ont contribué à bloquer les visites des touristes étrangers et à encourager les gens d'ici à aller ailleurs.»

Selon M. Larivière, rien n'indique que l'industrie se portera mieux avant 2009. «Nous voyons que 2007 et 2008 seront encore difficiles à ce niveau-là. Personne ne s'attend à un retour massif des Américains avant cette date.»

Non seulement la force du dollar canadien rend-elle le travail plus compliqué, mais son appréciation a été si rapide qu'il a été impossible d'ajuster le tir à temps. Quand les touristes désertent, il faut attirer d'autres clientèles.

«Toutes les stratégies et les déplacements au niveau du marketing n'ont pu être fait assez rapidement, soutient M. Larivière. Chercher un client quand le dollar est à 75 cents US ou 90 cents US, ce n'est pas la même chose. Il faut changer d'approche.»

C'est sans oublier la concurrence de Toronto.

«Quand on achète une demi-page dans les journaux américains et que le concurrent en achète une page, ça renverse les attentes, indique le président de Horwath. C'est une donne avec laquelle le Québec doit composer.»

M. Larivière prévoit que la croissance sera toujours limitée sur le marché pour les deux prochaines années alors que des projets tels que le Westin (plus de 400 chambres) s'implantent à Montréal.

De plus, les niveaux de réservation pour les grands événements comme les congrès sont plus faibles que prévu.

«Montréal devrait souffrir plus parce que beaucoup de nouvelles chambres seront disponibles, dit-il. Les hôteliers de cette ville seront plus agressifs pour garder leur taux d'occupation et les régions devront en subir les effets.»

La firme Horwath craint aussi que le surdéveloppement hôtelier américain n'engendre les mêmes effets que les bulles immobilières passées, soit d'attirer les promoteurs vers le Nord.

«Il n'y a pas eu, depuis longtemps, autant de prêteurs se disant intéressés à financier l'hôtellerie au Québec ou au Canada [...] qu'en sera-t-il pour demain ?», demande le rapport.